Investing.com – La Banque Centrale Européenne se réunit aujourd’hui, avec l’annonce des taux à 13h45 et la conférence de presse de Christine Lagarde à partir de 14h30. Le marché ne semble s’attendre à aucune décision de politique monétaire.
Cependant, le fait est que la rapidité des récents développements, avec notamment un nouveau confinement de 1 mois annoncé hier soir en France, ne permet pas d’exclure que la BCE prenne des mesures plus urgentes aujourd'hui, ou qu’au moins elle adopte un discours penchant fortement en ce sens pour la prochaine réunion.
Pour l’instant, le marché s'attend à ce que la banque centrale n'intervienne pas avant décembre et, comme il y a encore de la capacité dans son programme de relance PEPP, elle pourrait annoncer une expansion du programme pour le mois prochain.
Il semble aussi assez évident que nous pouvons nous attendre à un ton plus sombre de la part de la BCE aujourd'hui afin de préparer le terrain pour d'autres mesures d'assouplissement potentielles à l'avenir.
On s’intéressera également à la façon dont la présidente de la BCE Christine Lagarde pression sur les gouvernements pour qu'ils prennent davantage de mesures budgétaires, alors que la probabilité d'une "récession à double creux" augmente chaque jour.
Enfin, vous retrouverez ci-dessous les prévisions de 3 grandes banques en ce qui concerne la réunion de la BCE d’aujourd’hui et son impact potentiel sur les marchés.
Bank of America (NYSE:BAC)
"La BCE devrait, à notre avis, exprimer ses préoccupations lors de la réunion de cette semaine. La situation du COVID-19 est fragile et la saison froide vient à peine de commencer. Il n'est pas clair si les récentes restrictions sont suffisantes. L'inflation de base de la zone euro devrait encore s'affaiblir, selon nous, par rapport à des niveaux déjà historiquement bas. La question du Brexit n'est toujours pas résolue et le fonds de relance pourrait être remis en question et retardé. Nous pourrions avoir la certitude que la BCE apportera un soutien supplémentaire en décembre.
Dans ce contexte, nous n'attendons pas grand-chose de la BCE cette semaine. Le signal d'une expansion du PEPP en décembre devrait déjà être en grande partie intégré, avec des risques de déception. Toute indication d'un PEPP ouvert et lié à l'inflation serait une surprise pour le marché, à notre avis. En tout cas, nous pensons qu'à court terme, l'euro dépend davantage de facteurs globaux - COVID et élections américaines - que de la BCE. L'euro n'est pas actuellement surévalué à nos yeux - notre estimation de l'équilibre EUR/USD est de 1,23 - mais le récent effondrement de l'inflation dans la zone euro justifierait, selon nous, un euro plus faible. »
Crédit Suisse
« L'augmentation du nombre de Covid à travers l'Europe et le renforcement des restrictions dans des pays comme la France, l'Espagne et l'Italie fourniront une toile de fond plus urgente à la décision de la BCE sur les taux de cette semaine.
Toutefois, à l'approche des élections américaines, nous pensons que la barre des surprises de la BCE qui affecteraient significativement l'EURUSD sera élevée.
La récente levée de fonds réussie dans le cadre du programme SURE, et la perspective d'un décaissement imminent aux États confrontés à une nouvelle crise de Covid s'ajoutent aux raisons de ne pas s'attendre à d'autres accommodements de la part de la BCE cette semaine.
Le seul domaine où les marchés pourraient voir un potentiel pour de nouvelles annonces est le front TLTRO, où une réduction du taux auquel les banques peuvent emprunter à long terme (actuellement à -1,00%, en dessous du taux de dépôt à -0,50%) est une possibilité, à la lumière de la demande réduite de crédit qui a émergé de l'enquête de la BCE sur les prêts bancaires au troisième trimestre.
Les implications en termes de change d'une telle évolution sont toutefois probablement limitées, en l'absence d'une réduction réelle du taux de dépôt - une possibilité assez éloignée pour le moment, selon nous. »
MUFG
« La BCE se réunit cette semaine et avec la détérioration des perspectives, on s'attend certainement à ce que la présidente Lagarde signale un fort potentiel d'assouplissement supplémentaire pour la prochaine réunion en décembre... Nous ne considérons certainement pas un signal d'augmentation du PEPP en décembre comme un signal de vente de l'euro. L’évolution de l'EUR/USD sera davantage déterminée par la façon dont la Fed agira pour renforcer son nouveau cadre de politique monétaire qui consiste à maintenir les taux plus bas plus longtemps afin de faire passer l'inflation au-dessus du niveau cible de 2,0 %. »