par Anna Mehler Paperny
TORONTO (Reuters) - Les autorités sanitaires canadiennes ont été contraintes ces dernières semaines de limiter les horaires d'accueil des services d'urgence des hôpitaux et cliniques en raison d'un afflux de patients et d'un manque de personnels.
La situation est liée à une résurgence des infections au COVID-19 chez les adultes et les enfants ainsi qu'à la réalisation d'actes déprogrammés au plus fort de la pandémie, alors que nombre de personnels médicaux sont en arrêt maladie, pour burn-out ou d'autres affections, expliquent des médecins.
Couloirs d'hôpitaux et salles d'attente de cliniques sont bondés, les soins sont administrés avec des heures de retard et le taux d'occupation dans les hôpitaux pour enfants dépasse les 100%.
Autre conséquence de cette situation: le débat sur les problèmes systémiques du système de santé, financé par le gouvernement, a été relancé.
Le service des urgences de l'hôpital de Perth, dans le sud-est de l'Ontario, a ainsi fermé ses portes samedi pour six jours à cause d'un foyer de COVID-19 ayant touché son personnel.
S'il est courant dans les petites villes du Canada que des hôpitaux réduisent parfois leurs horaires d'ouverture, il est rare que des carrefours régionaux de santé fassent de même.
Le ministère de la Santé de l'Ontario n'a pas voulu indiquer le nombre d'hôpitaux de la province la plus peuplée du pays affectés par des fermetures partielles ou temporaires. Il a précisé avoir pris des mesures pour répondre à la situation.
"Parfois les hôpitaux doivent prendre la décision difficile de fermer leur service des urgences temporairement afin que les opérations puissent se poursuivre dans le reste des départements", a déclaré un porte-parole du ministère.
Au Québec, dans le Nouveau-Brunswick et à Manitoba, des hôpitaux ont aussi fermé temporairement des services, ou réduit les horaires de ceux-ci, pour des durées allant d'une quinzaine de jours à plusieurs mois, selon des communiqués de centres hospitaliers.
Les enfants sont durement touchés par la situation précaire du système de santé, certains d'entre eux qui n'avaient jamais été exposés par le passé à des virus ayant succombé à des maladies durant le printemps du fait de la levée des restrictions sanitaires face au COVID-19, comme le port du masque.
Pour certains, le manque de financement du système de santé remonte aux années 1990, lorsque le gouvernement fédéral a réduit les dépenses du secteur afin de contrôler la dette publique.
Pour d'autres, la cause du problème est le financement fédéral en lui-même, laissant suggérer la nécessité de s'orienter vers un modèle de système de santé privé.
(Reportage Anna Mehler Paperny; version française Sophie Louet et Jean Terzian)