MOSCOU (Reuters) - Un tribunal russe a alourdi lundi à quinze ans la peine d'emprisonnement que purge l'historien Iouri Dmitriev dans une affaire d'abus sexuels sur sa fille adoptive, selon une déclaration publiée sur le site Internet du tribunal.
L'avocat de Dmitriev a déclaré qu'il ferait appel de la décision, a rapporté le média indépendant Sota Vision.
Ses soutiens dénoncent des accusations fabriquées de toutes pièces pour le punir d'avoir localisé des charniers des goulags de l'ère stalinienne.
Dmitriev, qui a travaillé avec le groupe Memorial pour la défense des droits humains et la mémoire de la répression soviétique, a été reconnu coupable en juillet 2020 — décision dont il a interjeté appel mais que la Cour suprême de Russie a refusé d'examiner en octobre.
L'historien avait initialement été condamné à une peine de trois ans et demi et devait être libéré en novembre 2020 mais quelques semaines avant cette date, le tribunal municipal de Petrozavodsk, dans le nord-ouest de la Russie, avait alourdi sa condamnation à 13 ans de prison.
L'ONG Memorial est menacée de fermeture en Russie à la demande du ministère public qui lui reproche de ne pas s'être enregistrée auprès du ministère de la Justice de la Fédération de Russie en tant qu'"agent de l'étranger" comme l'exige la loi.
Les défenseurs des droits de l'homme dénoncent la volonté des autorités russes de bloquer le travail de reconnaissance de la répression soviétique sous Staline.
L'année dernière, l'ambassade des États-Unis a décrit la longue peine d'emprisonnement de Dmitriev comme une régression des droits de l'homme et de la vérité historique en Russie. Le Kremlin a déclaré qu'il n'était pas impliqué dans cette affaire.
(Reportage Alexander Marrow et Anton Kolodyazhnyy; version française Dina Kartit, édité par Jean-Stéphane Brosse)