Investing.com - La reprise décevante de la Chine après la crise du COVID met en évidence le désalignement du pays par rapport à l'économie mondiale, a écrit Mohamed El-Erian.
Après une première poussée de croissance au premier trimestre, la production industrielle, l'investissement et l'activité de consommation de la Chine se sont tous fortement ralentis. Le pays est désormais au bord de la déflation, tandis que le PIB du deuxième trimestre indique une faiblesse persistante.
Dans un article de Project Syndicate, le conseiller économique en chef d'Allianz (ETR:ALVG) a attribué le récent ralentissement de la Chine à trois facteurs principaux.
"Premièrement, comme le montrent les données commerciales les plus récentes, l'économie mondiale ne soutient plus la dynamique de croissance intérieure de la Chine", a déclaré M. El-Erian, notant qu'en juin, les exportations chinoises ont chuté de 12,4 % et les importations de 4,1 %.
Cela s'explique par le fait que les principaux partenaires commerciaux de l'Europe souffrent d'une croissance atone, tandis que l'Occident a commencé à se détourner de la Chine, les États-Unis réduisant leurs échanges et leurs investissements.
Deuxièmement, M. El-Erian a déclaré que Pékin était déchiré entre le retour à ses mesures de relance traditionnelles du haut vers le bas et une approche plus ascendante qui débloque davantage de dynamisme économique.
Troisièmement, la fin des restrictions draconiennes de la Chine sur le COVID zéro à la fin de l'année dernière n'a pas entraîné de hausse généralisée de la demande des ménages, des entreprises et de l'immobilier, a-t-il ajouté.
"Étant donné que la croissance en Europe et aux États-Unis devrait rester faible dans un avenir prévisible, et que l'économie mondiale est encore sous le choc de la vague de hausses de taux d'intérêt la plus agressive des banques centrales des économies avancées depuis plusieurs décennies, la Chine ne peut pas compter sur la mondialisation pour sauver son modèle de croissance chancelant", a écrit M. El-Erian.
En outre, les entreprises qui diversifient leurs chaînes d'approvisionnement en dehors de la Chine affecteront les investissements directs étrangers, et les priorités des États-Unis en matière de sécurité nationale ajouteront de nouvelles restrictions au commerce et à l'investissement, a-t-il ajouté.
Plutôt que d'espérer que le reste du monde sauve l'économie chinoise, M. El-Erian a suggéré que Pékin se tourne vers l'intérieur et réoriente sa politique vers un modèle de croissance efficace.
Cependant, en Chine, cela est particulièrement difficile, car le pays souffre d'incohérence politique. Si le gouvernement central peut préconiser des directives au niveau macroéconomique, leur adoption est souvent limitée par les réalités du terrain, par exemple par la crainte d'aggraver l'endettement local.
Mais il est également difficile d'aborder la politique au niveau microéconomique, ce qui laisse la Chine dans une situation "confuse", a écrit M. El-Erian. Les gouvernements locaux n'ont qu'une marge d'autonomie limitée, et les solutions peuvent être limitées par une population vieillissante et un taux de chômage élevé.
"Le cadre de la politique industrielle du pays doit encore trouver le bon équilibre entre les directives au niveau macro et l'octroi d'une autonomie opérationnelle suffisante au niveau micro", a-t-il ajouté.