Par David Wagner
L’événement principal du jour réunit les 27 gouvernements européens pour une première session de négociations à propos d’une proposition de fonds de relance de 750 milliards d'euros pour faire face à la crise économique générée par la pandémie de Covid-19.
Cependant, ce projet divise au sein de l'UE et il existe un haut degré d’incertitude sur le fait que les différents pays de l’UE parviennent à aplanir leurs divergences.
La réunion d’aujourd’hui, qui se déroulera en vidéo, ne devrait pas déboucher sur un accord, sachant qu’il est communément admis qu’au moins un second sommet sera nécessaire avant que les détails d’un plan soient validés par les 27 membres de l’UE.
La région est confrontée à l'une des crises économiques les plus graves de l'après-guerre. La Commission européenne, l'organe exécutif de l'UE, a estimé en mai une contraction de 7,4 % du produit intérieur brut en 2020. Toutefois, ces prévisions dépendent de l'évolution de la crise sanitaire et de la capacité des économies européennes à se réouvrir pleinement dans les mois à venir.
"Notre objectif ultime est de parvenir à un accord le plus rapidement possible. Il y a encore beaucoup de chemin à parcourir pour parvenir à un accord, nous devrons donc travailler dur dans les jours et les semaines à venir", a déclaré le président du Conseil européen, Charles Michel, qui préside les discussions entre les dirigeants européens, dans une lettre adressée cette semaine aux 27 dirigeants.
Quels sont les sujets de divergence ?
Les 27 pays ont des divergences sur plusieurs sujets, à commencer par le montant qu'ils devraient emprunter sur les marchés, certains pays estimant que 750 milliards d'euros est un chiffre trop élevé.
Mais il existe également des divergences d’opinion sur la forme que prendraient ces aides, prêts, subventions, ou un mélange des deux (et dans quelles proportions ?).
Deux groupes s’opposent : D’un côté 23 pays de l’UE, et de l’autre ceux que l’on nomme les 4 "frugaux" que sont l'Autriche, les Pays-Bas, la Suède et le Danemark. Ils ont déjà formulé leur ferme opposition à l’utilisation du principe des subventions.
Dans un article commun publié dans le Financial Times, les chefs d'État de ces quatre nations ont déclaré cette semaine : "Il n'existe pas d'argent frais ou nouveau. L'argent dépensé devra également être gagné et remboursé - par les contribuables".
Lagarde et Merkel exhortent les pays de l’UE à trouver un accord rapidement
Face à l’urgence de la situation, les deux plus importantes personnalités de l’économie européenne, la présidente de la BCE Christine Lagarde et la chancelière allemande Angela Merkel ont exhorté les pays de l’UE à parvenir à un accord avant la réunion prévue aujourd’hui.
Selon des fonctionnaires proches de Merkel, elle aurait averti les autres dirigeants de l'UE que l'Union est confrontée à sa plus grave récession depuis la Seconde Guerre mondiale et que cela va entraîner des "temps très, très difficiles".
Elle aurait ajouté qu'elle se demande s'ils comprennent exactement ce que cela signifie et met en garde contre le fait qu'il devrait y avoir tout intérêt à mettre en place un plan de relance d'ici la fin de l'été, tout en insistant sur le fait que les dirigeants doivent se rencontrer en personne dès que possible pour y parvenir.
De son côté, Lagarde a averti les dirigeants européens des risques de chute des marchés en l'absence d'un accord sur le fonds de relance, soulignant que le récent calme sur le marché est en partie dû au fait que les investisseurs anticipent la mise en place du fonds de relance. Elle a conclu que si les États membres ne parvenaient pas à un accord, le sentiment sur le marché pourrait s'en trouver affecté.
Quelle influence sur les marchés ?
Comme nous l’avons vu, aucune décision n’est attendue aujourd’hui. Cependant, les déclarations consécutives et les fuites et rumeurs entourant la réunion d’aujourd’hui fourniront de précieux indices pour savoir où nous nous dirigeons.
Les pays de l’UE ont-ils de bonnes chances de parvenir à un accord ou les négociations s’annoncent-elles difficiles ? Sera-t-il question de revoir ce plan drastiquement à la baisse pour obtenir l’accord de tous les pays de l’UE ? Les débuts de réponses à ces questions que nous pourrions obtenir cet après-midi auront sans doute une nette influence sur les marchés.