PARIS (Reuters) - Les ménages français, qui ont accumulé un surplus d'épargne record pendant la crise sanitaire déclenchée par l'épidémie de COVID-19, semblent disposés à rompre un peu avec leur prudence proverbiale en se tournant vers des investissements un peu plus risqués, selon une note de la Banque de France (BdF) publiée mardi.
Comme cela a été le cas dans de nombreux pays, les confinements et restrictions diverses instaurées ont asséché les postes de dépenses liées aux sorties au restaurant, aux loisirs et aux voyages, ce qui a alimenté une épargne contrainte.
Sans compter que les incertitudes sur les répercussions économiques de la crise sanitaire favorisaient de toutes façons la constitution d'une épargne de précaution.
Selon la Banque de France, le surplus d'épargne financière des ménages a atteint 157 milliards d'euros à la fin juin, soit l'équivalent de plus de 7% du produit intérieur brut (PIB) de la France.
Les Français sont traditionnellement enclins à opter pour des placements relativement sûrs comme l'immobilier ou les produits d'épargne financière liquide et sans risques que sont les livrets réglementés, en particulier le Livret A, et en matière d'assurance vie, ils privilégient les fonds en euros a ceux en unités de compte.
Pour l'instant, le surcroît d'épargne COVID a principalement été accumulé sous forme aisément disponible, sur les comptes courants ou sur des livrets d'épargne rémunérés, mais les ménages semblent commencer à se tourner de plus en plus vers des investissements de moyen terme offrant un meilleur rendement en contrepartie d'une exposition au risque supérieure, a observé la banque centrale française.
La Fédération française de l'assurance (FFA) a précisé mardi que les flux des placements sur des assurances vie en unités de compte ont atteint un niveau record en juillet, avec une collecte de 4,9 milliards d'euros sur le mois et un cumul de 22 milliards d'euros depuis le début de l'année.
"Dans un premier temps cette épargne forcée est essentiellement subie et reste sous forme de dépôt. Maintenant, les ménages sont peut-être en train de se dire 'qu'est-ce que je fais avec cette épargne', donc vont davantage vers l'assurance vie en unités de compte qui, sur le moyen terme offre des perspectives de rendement plus élevées que celles de l'assurance vie en euros dans le contexte actuel des taux d'intérêt", a déclaré Olivier Garnier, directeur général chargé des études économiques de la BdF, lors d'une conférence de presse en ligne.
La banque centrale s'attend à ce que l'épargne des Français continue de croître jusqu'à la fin de l'année, mais "ce que nous attendons en 2022-2023, c'est que les ménages tirent un peu sur ce surplus d'épargne", a-t-il ajouté.
Les premiers signes suggérant que les Français commencent à puiser dans ces fonds sont d'ailleurs déjà visibles, avec un rebond de l'investissement des ménages dans la construction ou la rénovation des logements, a souligné Olivier Garnier.
(Reportage Leigh Thomas, version française Myriam Rivet ; édité par Blandine Hénault)