Le constructeur allemand Porsche a ouvert jeudi la voie à la création d'un groupe intégré avec son compatriote Volkswagen et remercié son très contesté patron Wendelin Wiedeking au terme d'une réunion marathon de son conseil de surveillance.
Les 12 membres de l'organe de contrôle, réunis près de Stuttgart (sud-ouest), se sont retrouvés mercredi soir et ont discuté toute la nuit.
Le conseil a annoncé qu'il donnait son feu vert à la finalisation des discussions sur une prise de participation au capital de Porsche de l'émirat du Qatar. Il prévoit aussi de lancer une augmentation de capital d'au moins 5 milliards d'euros.
L'objectif affiché est clair: "poser les bases pour la création d'un groupe automobile intégré entre Porsche SE et Volkswagen AG", dont le créateur du coupé 911 détient 51% du capital, selon un communiqué.
Les deux mesures doivent permettre dans un premier temps à Porsche d'éponger, du moins en partie, ses dettes d'environ 10 milliards d'euros. Elles étaient défendues par son patron, Wendelin Wiedeking, mais elles signent aussi l'échec de sa stratégie de prendre le contrôle total de Volkswagen (VW).
Au petit matin, Porsche a donc logiquement annoncé la démission de M. Wiedeking et celle de son directeur financier Holger Härter, en échange d'indemnités de départ de respectivement 50 et 12,5 millions d'euros.
M. Wiedeking, réputé le patron le mieux payé d'Allemagne avec environ 80 millions d'euros l'an passé, a aussitôt précisé qu'il allait en dédier plus de la moitié à des oeuvres sociales --notamment pour les salariés de Porsche et les "journalistes âgés dans le besoin"--.
Selon la presse allemande, M. Wiedeking va en fait toucher une somme totale bien plus élevée, de 250 millions d'euros.
La position de M. Wiedeking était devenue intenable. Une guerre de clans faisait rage depuis des mois entre Porsche et VW et au sein de la famille Porsche-Piëch, milliardaires propriétaires à 100% de Porsche SE.
M. Wiedeking était notamment dans la ligne de mire de Ferdinand Piëch, petit-fils de Ferdinand Porsche, inventeur pour le régime nazi de la célèbre "Coccinelle", et président du conseil de surveillance de VW.
Ils étaient opposés sur la structuration d'un groupe commun: M. Wiedeking rêvait d'avaler VW puis a tout fait pour tenter de préserver l'indépendance de Porsche quand M. Piëch militait pour une intégration des luxueuses voitures de sport au sein de VW.
A l'origine, c'était Porsche qui devait prendre le contrôle total de VW en acquérant 75% du capital. Mais en mai, le constructeur de voitures de luxe a dû admettre son échec, sur fond de crise financière et de chute des ventes automobiles.
Des questions restent encore en suspens. Le Qatar va-t-il aussi prendre une participation dans VW ou dans le groupe fusionné? Volkswagen va-t-il finalement racheter les activités automobiles de Porsche, qui deviendrait sa 10e marque, comme le défend M. Piëch?
Une réunion du conseil de surveillance de VW prévue à Stuttgart à 10H00 GMT pourrait apporter des élements de réponses.
L'affaire semble en tout cas entendue pour le Land de Basse-Saxe (nord), actionnaire à hauteur de 20% dans VW, et favorable à ce scénario. "Porsche va bien entendu rester autonome avec pour siège Stuttgart, comme Audi à Ingolstadt", a déclaré Christian Wulff, le chef du gouvernement régional dans un communiqué. Audi est une autre marque du groupe VW, déjà intégrée au groupe.
"Nous nous mettons ainsi ensemble sur la voie pour devenir numéro un mondial" de l'automobile, a-t-il ajouté.