Le procès d'un ancien cadre de Michelin soupçonné d'avoir voulu vendre des données confidentielles au groupe de pneumatiques japonais Bridgestone s'est ouvert lundi après-midi devant le tribunal correctionnel de Clermont-Ferrand.
Marwan Arbache, 34 ans, est poursuivi pour "livraison à une entreprise étrangère de renseignements dont l'exploitation, la divulgation ou la réunion est de nature à porter atteinte aux intérêts fondamentaux de la Nation", ainsi que pour "violation des secrets de fabrique et abus de confiance".
Cet ancien responsable de la division poids lourds Europe de Michelin, qui encourt dix ans de prison et 150.000 euros d'amende, n'a pas souhaité s'exprimer avant l'audience. Il réserve ses déclarations au tribunal, selon son avocat Gilles-Jean Portejoie.
M. Arbache avait démissionné fin mars 2007 après avoir travaillé sept ans chez Michelin. Il est soupçonné d'avoir proposé en juillet 2007 par courrier électronique à Bridgestone, principal concurrent du groupe français, des données confidentielles en échange de 100.000 livres sterling (115.000 euros environ).
Bridgestone avait aussitôt alerté Michelin.
Sous le nom de Fukuda, les responsables de la sécurité du manufacturier clermontois s'étaient substitués aux Japonais pour tendre un piège à leur ancien salarié et avaient réussi à percer à jour sa véritable identité, alors qu'il contactait Bridgestone sous pseudonyme.
Michelin avait ensuite déposé plainte, suivie d’une enquête et de l’interpellation de M. Arbache le 9 janvier 2008, faisant valoir que la fuite de secrets industriels de première importance aurait pu lui causer un grave préjudice.
Mais Me Portejoie insiste de son côté sur le fait qu'aucun document n'est tombé entre des mains étrangères et assure que son client "ne serait pas allé jusqu’au bout", parce que c'était "pour lui une sorte de jeu".
Le jugement devrait être mis en délibéré dans la soirée.