Les pays du G8 et d'autres pays invités à leur sommet de L'Aquila se sont engagés vendredi à mobiliser "au moins 15 milliards de dollars sur trois ans" pour garantir la sécurité alimentaire dans le monde, dans une déclaration commune obtenue par l'AFP.
"Nous nous félicitons des engagements pris par les pays représentés à L'Aquila de mobiliser au moins 15 milliards de dollars sur trois ans" afin "d'assurer le développement durable de l'agriculture, tout en restant déterminés à apporter une aide alimentaire d'urgence adéquate", écrivent les dirigeants du G8, des puissances émergentes et des pays africains présents à L'Aquila.
Nous (...) demeurons profondément préoccupés par la sécurité alimentaire mondiale, l'impact de la crise financière et économique et la flambée des prix alimentaires de l'année dernière, qui touche les pays les moins à même de faire face à l'aggravation de la faim et de la pauvreté", ajoutent-ils dans cette "Initiative de L'Aquila sur la sécurité alimentaire".
"Si les prix des denrées alimentaires de base ont baissé depuis leur niveau record de 2008, ils restent historiquement élevés et instables", s'inquiètent-ils, alors que la flambée des prix a entraîné l'an dernier des émeutes de la faim dans plusieurs pays.
Le sommet des huit pays les plus industrialisés qui recevait vendredi les représentants de l'Algérie, de l'Angola, de l'Egypte, de l'Ethiopie, de la Libye, du Nigeria, du Sénégal, de l'Afrique du Sud et une délégation de l'Union africaine, pour la dernière journée de sa réunion à L'Aquila en Italie., devait tenter de convaincre l'Afrique qu'il tiendra ses promesses d'aide malgré la crise.
L'une des participations les plus remarquées est celle du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, président en exercice de l'Union africaine. M. Kadhafi, longtemps l'une des bêtes noires des Etats-Unis, a échangé jeudi soir une poignée de main remarquée avec le président américain Barack Obama.
M. Obama, qui doit après le G8 se rendre en visite au Ghana, devrait annoncer une initiative de 15 milliards de dollars du G8 (États-Unis, Japon, Allemagne, France, Royaume-Uni, Italie, Canada et Russie) et de pays émergents pour garantir la sécurité alimentaire dans le monde.
La FAO, agence des Nations-Unies pour l'alimentation et l'agriculture, décompte plus d'un milliard de personnes souffrant de la faim dans le monde, 100 millions de plus que l'an dernier.
"C'est un basculement majeur (de la part du G8). De l'aide alimentaire, qui revient à donner un médicament à un enfant qui est déjà malade, vers l'aide aux pays à mettre eux-mêmes en place les bonnes politiques afin de produire de la nourriture", a commenté Kanayo Nwanze, le président du Fonds International pour le Développement Agricole (Fida).
Jcques Diouf, directeur général de la FAO, a salué vendredi matin lors des débats "un heureux et encourageant changement de politique."
Le G8 doit également "élaborer une proposition concernant les principes et les bonnes pratiques de l'investissement agricole international", selon le texte d'une déclaration obtenu par l'AFP. Il s'agit d'éviter que des pays pauvres ne dilapident les terres vivrières, alors que les investisseurs étrangers se ruent sur les parcelles cultivables, en Afrique notamment.
La flambée mondiale des prix des céréales au printemps 2008 a mis en évidence la vulnérabilité des pays les moins favorisés, qui dépendent des exportations pour nourrir leurs populations et provoqué des émeutes de la faim dans le monde.
Le Premier ministre britannique, Gordon Brown, a assuré par la voix d'un porte-parole que "les pays africains n'étaient pas responsables de la récession et que (les pays développés) avaient la responsabilité de les en protéger."
Le G8 devrait réaffirmer ses promesses d'augmenter l'aide publique au développement en faveur de l'Afrique et d'accroître avec d'autres donateurs de 25 milliards de dollars par an cette aide sur la période 2004-2010. Les organisations non gouvernementales (ONG) reprochent au club des huit pays les plus industrialisés de ne verser les aides qu'au compte-goutte, et craignent que la crise économique n'aggrave la situation.
Au cours d'une session de travail vendredi matin réunissant G8 et pays africains, le président égyptien Hosni Moubarak a appelé les pays riches à "convenir d'un gel provisoire des dettes africaines".
Ces reproches et ces craintes seront relayés vendredi au cours d'une manifestation, la seule d'un sommet qui n'a pas mobilisé les anti-capitalistes. La délocalisation par l'Italie du G8 à L'Aquila, ville encore traumatisée par le séisme d'avril dernier dans le centre du pays, explique en partie la retenue des alter-mondialistes.
Les manifestants devraient aussi protester contre les retards de la reconstruction, alors que 24.000 personnes restent sans toit dans la région. Le G8 doit vendredi observer une minute de silence en mémoire des quelque 300 victimes de la catastrophe.