Le géant chinois Sinopec va acquérir le groupe canadien (bien canadien) Addax Petroleum pour 7,2 milliards de dollars américains, ce qui représente un montant record pour le rachat d'un groupe étranger par une société chinoise, a annoncé Addax mercredi.
Les deux groupes pétroliers ont signé une "entente définitive" qui prévoit que Sinopec débourse 52,8 dollars canadiens (46,1 dollars américains) par action, soit près de 16% de plus que la valeur du titre Addax à la fermeture de la Bourse de Toronto mardi.
Il s'agit du plus important rachat d'un groupe étranger par une société chinoise, selon les médias canadiens.
L'Empire du milieu est constamment à la recherche de nouvelles sources d'approvisionnement en hydrocarbures et cette acquisition va permettre au premier producteur pétrolier de Chine, de s'alimenter en Afrique et au Moyen-Orient, régions où Addax est principalement implanté.
Ce groupe enregistré à Calgary, dans l'ouest canadien, mais dont le siège se trouve à Genève, exploite des champs pétroliers dans le Kurdistan irakien, au Nigeria, au Cameroun ainsi qu'au Gabon. Au 1er trimestre 2009, Addax a déclaré une production de quelque 134.700 barils par jour.
Le montant que va verser Sinopec est "très impressionnant" et représente une hausse de 137% par rapport à ce que valait les actions d'Addax il y a un an, a déclaré à l'AFP Martin Molyneaux, analyste chez First Energy Capital.
Selon M. Molyneaux le prix par action initialement visé était de 45 dollars canadiens mais la Korean National Oil Compamy a fait monter les enchères en se montrant intéressée par Addax.
Un autre analyste a relevé qu'en s'implantant dans le Kurdistan, région autonome du nord de l'Irak, le géant chinois risquait désormais d'être mis sur "liste noire" pour exploiter des champs pétroliers dans le sud du pays.
Les marchés ont accueilli très favorablement l'annonce de l'acquisition. A Toronto le cours de l'action d'Addax gagnait peu avant 16H00 GMT 9,31%, à 49,9 dollars canadiens. A Londres il s'envolait au même moment de plus de 11%.
Pékin doit encore donner son feu vert à la transaction et si "toutes les autorisations requises" n'étaient pas obtenues d'ici le 24 août prochain, le rachat serait annulé et Sinopec devrait verser 300 millions de dollars canadiens d'indemnités à Addax, a indiqué ce dernier dans un communiqué.
De son côté, le conseil d'administration (CA) d'Addax a donné son accord "unanime" et a demandé aux actionnaires d'approuver la transaction, qui, selon le CA, était "dans les meilleurs intérêts" du groupe.
"Nous sommes ravis que Sinopec ait choisi le très séduisant porte-feuille d'actifs et l'exceptionnelle équipe que nous avons réuni chez Addax Petroleum", a déclaré le PDG du groupe canadien, Jean-Claude Gandur.
"Les efforts et réalisations qu'Addax Petroleum a accompli jusqu'à maintenant vont être mis à profit dans l'augmentation des investissements dans le secteur et l'accélération et le développement des projets d'exploration", a ajouté M. Gandur.
Sinopec et Addax Petroleum s'étaient entendus il y a deux ans pour mener en commun des opérations de forage de leurs deux blocs pétroliers offshore situés dans la zone de développement que se partagent Sao-Tomé-et-Principe et le Nigeria. Et les médias chinois avaient récemment fait état de discussions préliminaires entre les deux groupes.