Le groupe pharmaceutique Sanofi-Aventis a confirmé jeudi vouloir doubler ses ventes dans les pays émergents d'ici 2013, une tendance qui aura "des conséquences profondes" sur l'organisation de sa production.
Les ventes du groupe dans ces pays, qui représentaient 6,54 milliards d'euros fin 2008, devraient atteindre 13 milliards en 2013, a indiqué le responsable des opérations pharmaceutiques Hanspeter Spek lors d'une conférence à destination des investisseurs.
En 2013, les pays émergents devraient contribuer à sa croissance à hauteur de 70%, et 64% des volumes qu'il vendra le seront dans cette zone.
La croissance dans les pays émergents se fera en interne, mais aussi grâce à des acquisitions, essentiellement dans les médicaments génériques et disponibles sans ordonnance, a expliqué Antoine Ortoli, responsable des activités "intercontinentales".
"C'est le bon moment" pour réaliser de telles opérations, a-t-il jugé: "beaucoup d'entreprises locales souffrent", ce qui crée d'"excellentes opportunités".
Sanofi-Aventis a déjà acquis ces derniers mois les fabricants de génériques Zentiva (République tchèque) pour 1,5 milliard d'euros, Medley (Brésil) pour 500 millions et Kendrick (Mexique).
Tous les grands laboratoires comptent sur la croissance de ces pays pour compenser le ralentissement de celle des pays développés, et la perte de revenus liée à la concurrence des fabricants de génériques.
Cette stratégie, qui nécessite notamment de produire localement pour être au plus près des marchés selon le groupe, "aura nécessairement des conséquences profondes sur notre production industrielle", a confirmé M. Spek. Cela permet de produire à des coûts réduits, a-t-il ajouté.
Sanofi-Aventis a déjà engagé un mouvement de redéploiement de ses effectifs productifs des pays occidentaux vers les pays émergents.
Entre janvier 2006 et avril 2008, le nombre de salariés dans les activités pharmaceutiques a baissé de 4.000 en Amérique du Nord et en Europe, pour descendre à 26.000, tandis qu'il augmentait dans le reste du monde d'environ 2.000 postes, à plus de 24.000, selon des chiffres publiés par le groupe mi-2008.
Sanofi-Aventis, qui a supprimé 15 sites en cinq ans, étudie "un projet de transformation", avait indiqué au printemps son PDG Chris Viehbacher, sans plus de précisions.
M. Viehbacher, qui a pris la tête du groupe le 1er décembre, doit préciser sa stratégie lors de la publication des résultats semestriels le 29 juillet.
Selon des estimations du cabinet IMS cités par Sanofi-Aventis, les marchés émergents représenteront un marché pour l'industrie pharmaceutique de 500 milliards de dollars à l'horizon 2020, contre 200 milliards en 2008.
Sanofi-Aventis revendique la première place au classement des grands laboratoires internationaux présents dans ces pays, avec une part de 6,6%, devant l'américain Pfizer et le suisse Novartis.