Un mouvement global de refus de la dépendance au Dollar est en cours (ex-MS)

Investing.com - Dans une interview accordée à France 24, Ruchir Sharma, ancien cadre de Morgan Stanley (NYSE:MS) et vétéran de l'investissement, a affirmé que les banques centrales du monde entier cherchent actuellement à remettre en question le statut de réserve mondiale du dollar américain.

Il a en effet expliqué que les plus grands rivaux économiques de l'Amérique ont trouvé des moyens d'effectuer des transactions entre eux sans utiliser le dollar.

"Les nations discutent de plus en plus entre elles de la manière de ne pas utiliser le dollar américain comme moyen de transaction" a-t-il déclaré.

"L'Arabie saoudite et la Chine se parlent, elles échangent du pétrole, elles déterminent comment le faire sans utiliser le dollar américain et en réglant leurs paiements dans la monnaie de l'autre" a-t-il poursuivi, ajoutant que "l'Inde discute de la même manière avec les Émirats arabes unis, c'est-à-dire qu'elle cherche à éliminer le dollar comme dénominateur".

M. Sharma, actuel président de Rockefeller International, a également souligné que les principales économies diversifient leurs réserves de change en s'appuyant moins sur le dollar et en investissant de plus en plus dans l'or.

"La plupart des banques centrales ont tendance à détenir des réserves de change dans d'autres monnaies, principalement le dollar américain. Mais depuis un an environ, elles se diversifient et achètent de l'or à tour de bras. Les avoirs en or des banques centrales augmentent à un rythme sans précédent dans l'histoire".

Il a d’ailleurs estimé que "c'est pourquoi le prix de l'or a fortement augmenté au cours des derniers mois".

M. Sharma a estimé que le gouvernement US a joué un grand rôle dans cette tendance à la dédollarisation, estimant que le pays a peut-être exagéré dans ses sanctions contre la Russie lors de son conflit avec l'Ukraine, laissant craindre à d'autres pays qu’ils pourraient également subir les foudres de l’Oncle Sam s'ils se trouvaient du mauvais côté d'un conflit.

Il a de plus déploré qu’au lieu de tenter de remédier à la situation, le pays se contente de se reposer sur le fait qu’il n’y aurait prétendument pas d’alternative.

"Le problème des États-Unis, c'est que beaucoup de leurs commentateurs, et même des décideurs politiques, pensent qu'il n'y a pas d'alternative, que toutes ces nations peuvent se plaindre, mais qu'au bout du compte, elles n'ont pas d'autre choix que de détenir le dollar américain, que la monnaie chinoise n'est pas digne d'être détenue, et que l'euro a ses propres problèmes" a-t-il souligné.