PARIS (Reuters) - La France a décidé de mobiliser jusqu'à 7.000 soldats et de porter le dispositif Vigipirate à son niveau maximum au lendemain de l'attentat d'Arras (Pas-de-Calais), tandis que le musée du Louvre à Paris a annoncé sa fermeture ce samedi et que le château de Versailles a été évacué en raison d'alertes à la bombe.
"À l’occasion de la réunion de sécurité de vendredi, Emmanuel Macron a décidé que nous allions mobiliser jusqu’à 7.000 soldats de la force Sentinelle, qui seront déployés d'ici à lundi soir et jusqu’à nouvel ordre", a indiqué samedi l'Elysée.
La veille, le niveau d'alerte attentat avait déjà été relevé à son maximum, impliquant le renforcement de la sécurisation des lieux publics par les militaires, alors que la France accueille actuellement la Coupe du monde de rugby et qu'un match de quarts de finale opposant les Bleus aux Sud-Africains est prévu ce dimanche.
Dans un message publié sur X (anciennement Twitter (NYSE:TWTR)), le musée du Louvre indique qu'il est fermé ce samedi pour des "raisons de sécurité".
Une porte-parole du ministère de l'Intérieur, Camille Chaize, a indiqué que le Louvre avait été évacué après une alerte à la bombe et que des vérifications sont cours pour "lever le doute".
Elle a ajouté que la sécurité au Stade de France (Saint-Denis) était déjà au maximum et qu'il y aurait davantage de patrouilles autour de la fanzone à Saint-Denis et place de la Concorde.
Outre le musée du Louvre, le quotidien Le Parisien a rapporté sur son site internet que le château de Versailles avait également été évacué à la suite d'un signalement sur la plateforme moncommissariat.fr. L'information a été confirmée par la police.
Le renforcement du niveau d'alerte attentat intervient trois ans presque jour pour jour après l'assassinat d'un autre enseignant, Samuel Paty.
COURS ANNULÉS LUNDI JUSQU'À 10H
La Première ministre Elisabeth Borne s'est exprimée dans l'après-midi dans le Grand Amphithéatre de la Sorbonne, à Paris, à l'occasion de la remise du Prix Samuel Paty, organisé à l'initiative de l'Association des Professeurs d'Histoire et de Géographie (APHG).
Elle a réaffirmé à cette occasion le soutien de l'Etat aux professeurs et à toute la communauté éducative.
"On n'enseigne pas dans l'angoisse, on n'apprend pas la peur au ventre. Alors nous ne céderons rien à la violence, nous lui ferons face et nous la combattrons", a déclaré la Première ministre.
"Je veux le dire à tous les enseignants : nous serons au rendez-vous pour assurer votre sécurité et d'ores et déjà des mesures importantes ont été prises. Je veux le dire aux élèves, aux parents : mon gouvernement, les préfets et toutes les forces de sécurité intérieure sont mobilisées", a-t-elle ajouté.
"Les terroristes veulent nous faire peur, ils veulent nous diviser. Notre réponse doit être claire : la cohésion nationale et l'unité".
L'attaque de vendredi, survenue dans le collège-lycée Gambetta d'Arras et qui a fait un mort et trois blessés, a été commis par Mohamed M., né en 2003 en Russie et fiché comme islamiste radicalisé.
Ce dernier a été interpellé par la police dans la cour de l'établissement, a déclaré vendredi le parquet antiterroriste, qui a ouvert une enquête pour des chefs d'"assassinat en relation avec une entreprise terroriste", de "tentative d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste" et "d'association de malfaiteurs terroriste en vue de préparer des crimes d’atteinte aux personnes".
L'enseignant décédé, Dominique Bernard, était un professeur de français.
Un rassemblement en sa mémoire est prévu dimanche à 11h sur la Place des Héros, à Arras.
Gabriel Attal, le ministre de l'Education nationale, a annoncé samedi qu'"un temps d'échange à la fois humain et pédagogique au sein des équipes éducatives" serait prévu lundi matin dans tous les collèges et lycées de France.
"A cette fin, les cours sont annulés pour les élèves jusqu’à 10 heures, moment où ils rejoindront leur établissement", a précisé le ministre, ajoutant qu'à 14h, une minute de silence serait ensuite respectée dans chaque classe en mémoire aux victimes des attentats.
Interrogé sur TF1 (EPA:TFFP) vendredi soir, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a estimé qu'il existait un lien entre l'attentat d'Arras et la situation au Proche-Orient, après les attaques du Hamas contre Israël et les raids de représailles israéliens sur la bande de Gaza. Il doit de nouveau s'exprimer ce samedi à l'issue d'une réunion de sécurité prévue Place Beauvau.
(Rédigé par Claude Chendjou et Kate Entringer, avec Michel Rose, Leigh Thomas, Gus Trompiz, Benoît Tessier, Pascal Rossignol et Maria Ponnezhath)