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Génération Poutine: les jeunes Russes reviennent sur près de 25 ans de "règne"

Publié le 14/03/2024 11:11
© Reuters. Igor Lvov, étudiant et militant politique, pose pour une photo à Moscou, Russie. /Photo prise le 26 janvier 2024/REUTERS/Evgenia Novozhenina

MOSCOU (Reuters) - Zaourbek, 27 ans, voit en Vladimir Poutine le garant de la stabilité de la Russie. Egor, 18 ans, juge à l'inverse les dirigeants russes "indignes".

Les deux ont en commun de ne pas se souvenir d'un seul moment où Vladimir Poutine, au pouvoir depuis le 31 décembre 1999, n'était pas à la tête de la Russie.

"Nous sommes la génération Poutine. En résumé, nous n'avons rien vu d'autre", témoigne Zaourbek lors d'une interview avec Reuters, à Vladikavkaz, dans le sud du pays.

Et les jeunes Russes sont encore loin de connaître l'alternance.

Vladimir Poutine, qui fait face à un semblant d'opposition, est assuré de remporter un nouveau mandat de six ans lors de l'élection présidentielle, du 15 au 17 mars. [L6N3FP0AO]

Le chef du Kremlin jouit d'une forte popularité au sein de la population russe, les sondages d'opinion, certes sujets à caution dans un pays où la dissidence est réprimée, lui donnant un taux d'approbation supérieur à 80%.

La jeunesse semble néanmoins un peu plus critique quant à la direction prise par le pays : 72% des personnes de 18 à 24 ans jugent que la situation évolue dans le bon sens, elles sont 64% à le penser dans la catégorie des 25-34 ans. Pour l'ensemble de la population, le chiffre est de 74%, selon le Centre Levada, institut d'analyse indépendant.

A l'approche du scrutin, cinq jeunes Russes dépeignent auprès de Reuters un tableau contrasté de l'engagement de la jeunesse et de sa perception de Vladimir Poutine.

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DÉVELOPPEMENT ET SÉCURITÉ

Zaourbek Bournatsev vit à Vladikavkaz, dans le Caucase du Nord, une ville marquée par la guerre et les attentats qui ont suivi l'effondrement de l'Union soviétique en 1991.

La situation est plus stable, et il souhaite qu'elle le reste.

"Ce que je veux? De la sécurité et des perspectives d'avenir d'abord, du développement économique et des opportunités ensuite. J'observe que les choses se sont améliorées par rapport à mes souvenirs d'enfance, et j'espère qu'elles continueront à aller mieux. Dieu nous préserve d'une détérioration de la situation", déclare le jeune homme.

Zaourbek est bénévole pour la campagne électorale de Vladimir Poutine à Vladikavkaz. "Disons que je soutiens le président sortant. Je vais participer aux prochaines élections et je voterai très probablement pour lui".

Artiom Kolenov, 25 ans, étudiant en agriculture d'origine cosaque, ambitionne de trouver un bon emploi dans son secteur et d'accéder au rang d'"ataman", titre porté par les chefs cosaques.

"Les choses vont mal à l'Ouest, elles vont mieux pour nous. Nous mangeons du pain avec du beurre et du caviar rouge. Ce n'était pas le cas auparavant. Je suis très sérieux", affirme-t-il.

"Oui, j'irai voter aux élections. Nous soutenons Vladimir Vladimirovitch Poutine. Il n'y a pas d'autre personne qui pourrait diriger le pays: le développement à grande échelle de l'Etat est en cours".

GUERRE ET PRISON

Igor Lvov est sévère avec les autorités mais ne veut pas entendre parler d'expatriation, contrairement aux centaines de milliers de Russes qui ont quitté le pays depuis le début de la guerre contre l'Ukraine.

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"Pourquoi devrais-je partir ? Des gens indignes ont pris le pouvoir dans mon pays et le tiennent depuis 25 ans. Pourquoi c'est moi qui dois partir, et pas eux ? Je pense qu'il est temps pour eux de partir ou d'aller en prison", assène Igor.

Igor Lvov a soutenu la campagne électorale de Boris Nadejdine, opposant à Vladimir Poutine et à la guerre en Ukraine dont la candidature a été invalidée en février par la Commission électorale. Le jeune homme juge toutefois remarquable qu'un début de campagne ait pu se dérouler sans que "personne n'ait essayé de nous donner des coups de bâton".

Les lois instaurées depuis le début de l'"opération militaire spéciale" en Ukraine, le 24 février 2022, permettent d'emprisonner les personnes jugées coupables d'avoir "discrédité" les forces armées ou diffusé de fausses informations.

"Je respecte la loi, quelle que soit mon attitude à son égard. Elle est répressive, mauvaise, injuste. Mais si je ne la respectais pas, je me tirerais une balle dans le pied", résume Igor Lvov, qui affirme que ses positions se sont durcies depuis le début de la guerre.

"Il est impossible de discuter avec une personne qui soutient l'opération militaire spéciale et Poutine. Les deux ne font plus qu'un".

Elizaveta Kazantseva, 21 ans, est étudiante en sports et politique de la jeunesse, militante du parti libéral Iabloko, à Ekaterinbourg, dans l'Oural.

En février dernier, à l'occasion d'un événement non autorisé organisé par des épouses de soldats sur le front en Ukraine, Elizaveta et une amie ont été arrêtées et condamnées à une amende après avoir déposé des fleurs sur un monument aux morts.

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"Nous avons simplement déposé des fleurs et avons été arrêtées. Nous n'avons pas scandé de slogan, nous n'avions pas de pancartes ou autres", explique l'étudiante.

"Arrêtées pour des fleurs. Bientôt, pourquoi pas pour avoir inspiré ou expiré?", s'inquiète Elizaveta Kazantseva.

La jeune femme précise qu'elle discute politique avec ses parents, mais pas avec ses grands-mères, qui s'informent auprès de la télévision d'État. "Ne pas idolâtrer nos dirigeants, tenir un discours différent, pour elles, c'est incompréhensible".

Elizaveta veut être "une bonne personne, qui dit ce qu'elle pense réellement et n'est pas en prison". Elle estime que la Russie connaîtra "de nombreux problèmes" au cours des dix prochaines années.

"Il est nécessaire de régler le conflit politique externe (en Ukraine) d'une manière ou d'une autre. Il faut trouver une issue, ce qui ne sera pas facile. Mais je pense que la Russie sera capable de supporter cette épreuve et de devenir finalement un État libre et démocratique".

PORTÉ PAR LA VIE

Maxime Golomariev, 25 ans, est étudiant à l'université de Iakoutsk et passionné de danse folklorique et moderne. Evoquant les événements de ces deux dernières années, le jeune homme explique se concentrer sur l'art, et non sur la guerre ou la politique.

Ces deux dernières années, "j'ai progressé comme danseur et amélioré mes compétences d'interprète", résume-t-il.

Interrogé sur ce qui a changé, Maxime évoque l'impact des sanctions occidentales sur la Russie. "iPhone et Apple (NASDAQ:AAPL) Pay ne fonctionnent plus comme il faut. Et alors ? Nous continuons à vivre, sans Apple Pay et sans iPhone".

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Il votera à la présidentielle mais ne dit pas pour qui. "L'élection d'un président est importante pour tout le monde, bien sûr que j'ai l'intention de voter. C'est le devoir de chaque citoyen de la Fédération de Russie".

Et à l'avenir? "Je ne pense pas à l'avenir", sourit-il. "Je me laisse porter par la vie, c'est tout".

(Reportage de Reuters, rédigé par Mark Trevelyan, version française Corentin Chappron, édité par Sophie Louet)

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