par Robin Emmott
BRUXELLES (Reuters) - Les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne tiennent ce mardi en Slovénie un sommet informel centré sur la stratégie à adopter à l'égard de la Chine, leur première réunion sur le sujet depuis que les Vingt-Sept ont imposé des sanctions contre Pékin qui ont jeté une ombre sur un nouveau pacte d'investissement.
Comme l'ont fait les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et le Canada, l'UE a décidé en mars dernier de sanctionner plusieurs responsables chinois pour atteintes aux droits de l'homme contre les Ouïghours et d'autres minorités musulmanes dans la région du Xinjiang.
Pékin, qui réfute de tels agissements, a imposé en représailles des sanctions contre dix eurodéputés et mis en suspens l'approbation de l'Accord global sur les investissements UE-Chine (CAI) conclu en décembre dernier avec Bruxelles à l'issue de plusieurs années de négociations.
"L'UE a cherché à éviter la confrontation avec Pékin, mais nous ne pouvons plus considérer la Chine comme un partenaire commercial bénin", a déclaré un diplomate européen.
Il est attendu que le président français Emmanuel Macron profite de ce sommet informel pour souligner la manière dont les Vingt-Sept peuvent jouer un rôle stratégique plus important sur la scène mondiale, à la suite de la crise déclenchée par l'annulation par l'Australie d'un contrat de sous-marins français au profit d'une alliance sécuritaire avec les Etats-Unis et la Grande-Bretagne pour contrer la Chine.
En dépit de sa puissance commerciale, l'UE dispose hors de ses frontières d'une influence affaiblie par son incapacité à trouver un consensus en son sein en matière de politique étrangère et de défense. Emmanuel Macron peine de fait à convaincre les Etats membres de la nécessité de renforcer l'"autonomie stratégique" de l'UE en matière de défense.
DÉFENSE EUROPÉENNE
De hauts représentants et des diplomates européens espèrent que la réunion informelle permettra de débattre des moyens pour devenir moins dépendants des Etats-Unis, tout en jouant un rôle dans la politique étrangère de Washington de plus en plus tournée vers l'Asie.
Aucune décision ne devrait être prise mardi.
"Les Etats-Unis ont reconnu l'importance d'une Défense européenne plus forte et plus compétente", a déclaré mardi devant le Parlement européen à Strasbourg Josep Borrell, le chef de la diplomatie européenne, avant son départ pour la Slovénie. "Les crises dans le voisinage européen nous appellent à réagir", a-t-il ajouté.
S'exprimant lundi devant les journalistes à Paris, un conseiller d'Emmanuel Macron a déclaré que "fermer les yeux" à la suite de l'affaire des sous-marins "serait une erreur pour les Européens". "Il y a vraiment là une opportunité à saisir", a-t-il ajouté.
Le sommet informel de deux jours se tiendra à Brdo, près de Ljubljana, la capitale slovène. Les discussions débuteront mardi soir et elles porteront mercredi sur les procédures d'adhésion à l'UE de six pays des Balkans.
(Reportage Robin Emmott, avec John Chalmers à Bruxelles et Michel Rose à Paris; version française Jean Terzian et Claude Chendjou, édité par Sophie Louet)