Depuis le début de l’année, les investisseurs ne jurent que par les Bourses des pays émergents. Un pari risqué, mais qui peut rapporter gros ! C’est le cas notamment des fonds d’actions domestiques chinoises qui ont progressé en moyenne de 22,5% depuis janvier, soit le meilleur placement boursier pour le moment cette année, juste derrière les fonds spécialisés sur l’énergie. Un pari certes osé compte tenu de la forte correction de ce marché en mai alimenté par l’escalade de mesures protectionnistes prises par les Etats-Unis envers la Chine et vice versa : droits de douanes relevés à 25% pour 200 milliards de biens chinois importés décidés par Donald Trump le 13 mai tandis que son homologue Xi Jinping a fait des annonces similaires qui prendront effet le 1er juin.
La guerre commerciale entre ces deux pays fait peser un risque sur la croissance mondiale et alimente ainsi la crainte des investisseurs en Bourse. A court terme, investir dans les actions de l’Empire du Milieu nécessite donc de garder un certain sang-froid. Mais sur longue période, ce placement devrait s’avérer très porteur. Cinq raisons d’y croire !
1. Un marché boursier d’envergure : le deuxième derrière les Etats-Unis Mal connu des investisseurs, les actions chinoises se décomposent en plusieurs segments. Par le passé, les investisseurs étrangers ne pouvaient accéder qu’aux valeurs cotées à Hong Kong (actions H), les autorités chinoises ont depuis 2002 ouvert leur marché domestique, à savoir les actions chinoises cotées à Shanghai et à Shenzhen (actions A). Si au départ, les investisseurs étrangers ne pouvaient en détenir qu’un petit quota, ces règles se sont largement assouplies depuis l’an passé. Malgré ça, les actions domestiques chinoises se positionnent déjà comme le deuxième marché mondial en termes de capitalisation boursière (autour de 7,5 trillions de dollars pour 3700 titres cotés). Si la Bourse chinoise reste encore loin de détrôner son concurrent américain dont la capitalisation boursière approche 35 trillions de dollars, elle va structurellement grossir grâce à son internationalisation.
2. Un marché qui s’internationalise L’ouverture du marché chinois aux investisseurs étrangers a conduit les fournisseurs de services financiers, comme MSCI à revoir la composition de leurs indices. Ce dernier va augmenter, fin mai, le poids des actions domestiques chinoises dans le MSCI Emerging Markets. Cet indicateur de référence pour suivre l’évolution des Bourses émergentes comprendra désormais 1,76% d’actions A chinoises, contre 0,8% actuellement. Et ce n’est qu’un début. « Au mois de novembre prochain, le poids de ces dernières devrait atteindre 3,9% et pourrait même à terme représenter 17% de l’indice MSCI Emerging Markets », estime Jie Lu, responsable de la recherche en Chine chez Robeco.
MSCI a ainsi décidé d’intégrer 253 grandes sociétés cotées, 168 moyennes dont 27 issues de sa Bourse dédiées aux valeurs technologiques (ChiNext). Cette évolution des indices va mécaniquement augmenter les flux d’investissements sur ces valeurs car tous les fonds gérés passivement, c’est-à-dire en répliquant la performance d’un indice de référence, devront prendre en compte cette nouvelle composition. « On parle pour cette année de 80 à 100 milliards de dollars de flux supplémentaires sur les actions chinoises A, commente Michel Audeban, managing director de Gemway Assets, société de gestion spécialisée sur les marchés émergents. Une somme certes importante mais qui ne représente finalement qu’une seule journée de transactions dans les Bourses de Shenzhen et Shanghai. A plus long terme en revanche, le poids des investisseurs étrangers, actuellement limité à 3% sur la Bourse domestique chinoise, devrait se rapprocher des standards mondiaux autour de 30%, ce qui pourrait alors doper les cours. » Une aubaine donc pour les investisseurs qui ont au moins cinq ans devant eux.