Investing.com - Les actions de Saudi Aramco (SE:2222) ont grimpé à 38,7 riyals (10,32 $) lors de leur deuxième journée de bourse ce jeudi, poussant la capitalisation de la société à une valeur gargantuesque de 2000 milliards de dollars et atteignant la cible que le prince Mohammed bin Salman visait pour la société.
Pour la deuxième journée consécutive, Aramco affiche donc un gain de 10%, la limite journalière imposée par la bourse locale.
Ce chiffre, qui représente environ la capitalisation de Microsoft (NASDAQ:MSFT) et Apple (NASDAQ:AAPL) réunies, les 2èmes et 3èmes plus grosses entreprises du monde, a longtemps été considéré comme exagéré par la plupart des acteurs de la communauté financière.
Riyad a marqué l'histoire mercredi en inscrivant 1,5 % de son géant pétrolier public à la bourse locale, le Tadawul saoudien, dans le cadre de ce qui a été la plus importante introduction en bourse jamais réalisée.
Le cours des actions a augmenté de 10 % au début de la négociation, ce qui a donné à l'entreprise une évaluation de 1,88 billion de dollars.
On notera cependant que ces débuts boursiers tonitruants doivent être pris avec des pincettes, la hausse du titre depuis hier ayant visiblement été savamment orchestré par le Royaume Saoudien.
Une action sous contrôle du gouvernement Saoudien ?
Selon les propres documents de la société, les institutions gouvernementales saoudiennes ont absorbé 13,2 % de l'offre totale, soit quelque 2 milliards de dollars, tandis que les fonds souverains d'Abu Dhabi et du Koweït auraient bloqué 5 milliards de dollars supplémentaires, soucieux d'éviter une catastrophe sur les marchés régionaux et convaincus qu'ils font aux vendeurs une faveur politique qui pourra être échangées contre d'autres faveurs à l'avenir. Il ne s'agit pas d'une privatisation au sens classique du terme.
La demande des particuliers, également concentrée en Arabie Saoudite, a été soutenue par les offres de prêts à prix réduit des banques locales. L'investissement des particuliers financé par emprunt ne devrait pas être perçu comme le signe le plus fort du soutien fondamental du cours des actions d'une société.
Toutes les introductions en bourse impliquent un peu de fumée et de miroirs au moment où une entreprise passe à l'évaluation de sa valeur par le marché, plutôt que par une poignée de personnes clés. Ce n'est pas seulement vrai avant l'introduction en bourse, mais aussi immédiatement après l'introduction en bourse, où l'on s'attend à ce que les bookrunners maintiennent la volatilité dans des limites raisonnables.
Mais le "lissage du marché" d'Aramco semble différent, y compris la pression exercée par le gouvernement sur les fonds d'investissement de l'État pour pousser le prix à la hausse, selon le Financial Times dans son article de cette semaine.
Enfin, on notera que Bernstein a commencé à couvrir Aramco avec une notation à "sous-performance" et un objectif de cours de 25,5 riyals par action, soit un potentiel de baisse de plus de 27% par rapport à son cours de clôture de 35,20 riyals l'action mercredi.
Dans leur note, les analystes de Bernstein soulignent la question de la gouvernance d'entreprise comme un risque important
"Aramco devrait négocier à escompte plutôt qu'à prime par rapport aux majors pétrolières internationales. La gouvernance d'entreprise a été identifiée comme le principal risque pour les investisseurs, étant donné que le (Royaume d'Arabie Saoudite) continuera à détenir plus de 98% d'Aramco", ont-ils écrit.