PARIS (Reuters) - L'Etat français soutiendra le développement d'une filière de batteries à hauteur de 700 millions d'euros, confortera l'essor du véhicule électrique et invite les industriels européens à collaborer dans les véhicules autonomes, a annoncé mercredi Emmanuel Macron.
Le projet franco-allemand visant à construire cette filière européenne de batteries "va conduire à la construction de deux usines de batteries, une en France et une en Allemagne", a ajouté le chef de l'Etat à l'occasion des cent ans de l’Organisation internationale des constructeurs automobiles, à Paris.
Les 700 millions d'euros de financements prévus sur cinq ans par l'Etat français doivent contribuer à l’émergence d’une filière capable de rivaliser avec les constructeurs chinois et coréens notamment.
"En tant que président de la France, je ne peux pas être heureux du fait que 100% des batteries en France soient produites en Asie", a poursuivi Emmanuel Macron.
La France et l'Allemagne, qui compte pour sa part débloquer un milliard d'euros, travaillent depuis des mois pour faire émerger un partenariat européen autour d'un consortium franco-allemand.
Le soutien de l'Etat prendra la forme de subventions, de fonds propres ou d’avances remboursables, selon la nature des projets soutenus, a précisé l'Elysée, et les collectivités sont invitées à contribuer.
L'Union européenne a lancé fin 2017 une initiative visant à créer un "Airbus" des batteries. Plusieurs projets évoluent en parallèle, avec notamment Saft, les allemands Siemens (SIX:SIEGn) et Manz et le belge Solvay (BR:SOLB) d'un côté, et le suédois Northvolt de l'autre.
Aucun constructeur automobile n’a encore annoncé qu’il pourrait participer directement à un consortium mais plusieurs y réfléchissent, ont indiqué récemment des sources françaises.
S'UNIR DANS LE VÉHICULE AUTONOME
Dans le véhicule autonome, investi par des géants américains du numérique, Emmanuel Macron prône une coopération entre Européens - entre constructeurs automobiles et entre ces derniers et leurs homologues des nouvelles technologies.
Suivant les recommandations du rapport rédigé par Xavier Mosquet et Patrick Pélata, et des travaux d'Anne-Marie Idrac, l'Elysée invite ces entreprises à mutualiser des données, connaissances, recherches et plateformes.
"Le véhicule autonome n'est pas une bataille perdue mais ça suppose que les Européens serrent les rangs", explique-t-on à l'Elysée.
Les lois Pacte et Lom doivent doit faciliter l'émergence des véhicules autonomes en France et des travaux sont engagés avec l'Allemagne pour harmoniser les réglementations et contribuer à façonner le cadre européen.
L'Elysée souhaite que des services de transport autonome à la demande soient déployés en France en 2021.
SOUTIEN À L'ÉLECTRIQUE ET À L'HYBRIDE RECHARGEABLE
Pour soutenir les véhicules électriques et hybrides rechargeables, la présidence a annoncé que le dispositif de bonus serait en vigueur pendant plusieurs années en France. Une trajectoire allant jusqu'à 2022 doit être élaborée cette année.
Des mesures seront également prises pour favoriser le développement des véhicules électriques dans les flottes d’entreprises.
L'objectif est de compter un million de véhicules électriques (600.000) et hybrides rechargeables (400.000) en 2022 en France contre 207.000 fin 2018.
Les chargements à domicile ou au travail représentant la grande majorité du total, des mesures faciliteront l'installation de bornes dans les copropriétés et les entreprises.
Parallèlement, le nombre de bornes en accès public doit être porté de 25.000 actuellement à 100.000 en 2022.
Un plan "Etat exemplaire" relèvera nettement le pourcentage de véhicules électriques et hybrides achetés par les pouvoirs publics, a-t-on également précisé.
La filière automobile emploie 400.000 salariés en France dans 4.000 entreprises industrielles, elle représente un chiffre d'affaires annuel de 155 milliards d'euros et un volume d'exportation de 49 milliards.
(Jean-Baptiste Vey et Michel Rose, édité par Marine Pennetier)