par Ludwig Burger
FRANCFORT (Reuters) - Bayer (DE:BAYGN) a annoncé mercredi avoir revu à la baisse sa prévision de bénéfice par action 2018 en raison d'une finalisation du rachat de Monsanto (NYSE:MON) intervenue plus tard que prévu, ce qui provoque une baisse du titre du groupe allemand, qui a également fait état d'une chute des ventes de ses médicaments sans ordonnance.
Vers 10h45 GMT, le titre Bayer recule de 1,04% à 79,00 euros à la Bourse de Francfort - après avoir perdu plus de 3,6% en début de séance - évoluant de pair avec l'indice regroupant les valeurs pharmaceutiques européennes (-1,08%).
Mais du fait notamment des énormes difficultés juridiques qui attendent Bayer depuis son rachat de Monsanto pour 62,5 milliards (53,9 milliards d'euros), la valeur accuse un repli de près de 23% depuis le début de l'année contre une hausse de près de 3% de l'indice sectoriel la période.
Bayer a déclaré que le nombre de plaintes déposées aux Etats-Unis contre Monsanto et ses pesticides Roundup et Ranger Pro était passé de 8.000 fin juillet à 8.700 un mois plus tard, précisant s'attendre à ce que ce nombre augmente encore.
Un jury californien a considéré début août que le désherbant Roundup était à l'origine du cancer qu'a développé un agent d'entretien et a condamné Monsanto à lui verser 289 millions de dollars.
Bayer se dit déterminé à se défendre devant les tribunaux, citant des rapports et des avis de régulateurs disant que les produits en question ne présentaient aucun danger.
L'excédent brut d'exploitation (EBE ou Ebitda) du deuxième trimestre est ressorti à 2,335 milliards d'euros, un total toutefois inférieur à la prévision moyenne de 2,435 milliards des analystes interrogés par Reuters.
Bayer, présent aussi bien dans la chimie que dans la pharmacie, a dit, grâce à l'intégration de Monsanto, qu'il anticipait désormais pour cette année une hausse de son EBE avant éléments exceptionnels comprise entre 1% et autour de 5%, alors qu'il avait jusqu'ici tablé sur une baisse d'environ 1%.
LA DIVISION MÉDICAMENTS SANS ORDONNANCE INQUIÈTE
Mais le groupe a également déclaré que son bénéfice brut par action se situerait entre 5,70 et 5,90 euros au titre de 2018, contre 6,64 euros il y a un an, en raison de la finalisation de l'acquisition de Monsanto qui n'est intervenue que le 7 juin.
Bayer ne peut ainsi intégrer dans ses comptes l'essentiel du premier semestre du groupe américain, qui est généralement nettement plus porteur que le second.
Avec le rachat de Monsanto, les bénéfices de Bayer proviendront désormais de sources équivalentes : les produits à destination de l'agriculture et la pharmacie.
Cela n'empêche pas que le groupe, inventeur de l'aspirine et fabricant des pilules contraceptives Yasmin, de rester sous pression pour étoffer la réserve de médicaments à venir. Bayer est engagé dans une vaste revue de ses activités de recherche & développement en la matière, un examen qui devrait s'achever en novembre.
L'EBE de la division "Crop Science" de Bayer, désormais le numéro un mondial des semences et des pesticides avec l'adjonction des activités de Monsanto, a été multiplié par près deux, à 631 millions d'euros - un total supérieur aux attentes - grâce notamment à une reprise des activités au Brésil.
Les activités héritées de Monsanto ont contribué à hauteur de 70 millions d'euros.
En revanche, le bénéfice brut de la division médicaments sans ordonnance a reculé de 18,5%, en raison à la fois de la faiblesse du dollar et d'un nouveau recul des ventes des marques Claritin (un anti-allergique) et Coppertone (crèmes solaires).
Bayer pâtit aux Etats-Unis de la tendance des consommateurs à délaisser les pharmacies pour tenter de dénicher des aubaines sur des sites de vente en ligne.
Commentant l'EBE du seul deuxième trimestre de cette division, Alistair Campbell, analyste chez Berenberg, a noté qu'il était inférieur de 14% à ses prévisions, ajoutant qu'elle "restait fortement problématique".
Le groupe a dit qu'il verserait au titre de 2018 un dividende par action au moins équivalent à celui de 2017, ce qui se traduira par un taux de distribution du bénéfice brut supérieur à la fourchette de 30% à 40% qu'il s'est fixé.
"Nous pensons que les activités (de Bayer et de Monsanto) rassemblées se traduiront par de bonnes performances et nous voulons permettre à nos actionnaires de prendre part au succès de l'entreprise", a déclaré Werner Braumann, président du directoire du groupe.
(Benoit Van Overstraeten pour le service français, édité par Véronique Tison)