La Banque Postale, dont le bénéfice net a pâti en 2016 des taux bas, a mis en avant ses ambitions de diversification, avec notamment le lancement de sa banque mobile à l'automne 2018 pour sauvegarder sa rentabilité.
Le groupe a dégagé un bénéfice net en baisse de 1,8% en 2016, à 694 millions d'euros, affecté par un impact négatif lié au rachat de la participation de CNP Assurances (PA:CNPP) dans sa filiale de prévoyance.
Mais il a surtout souffert de la baisse des revenus de sa banque de détail, plombés par les taux bas, à l'image de l'ensemble du secteur bancaire. Le produit net bancaire (PNB, équivalent chiffre d'affaires) a ainsi reculé de 2,5%, à 5,6 milliards d'euros, malgré une plus-value de 107 millions d'euros liée à la cession de titres Visa.
"Nous avons dû nous battre toute cette année pour finalement résister, montrer des résultats résilients dans cet environnement particulièrement difficile pour notre banque et notre profession sur la partie banque de détail", a souligné Rémy Weber, président du directoire de la Banque Postale, lors d'une conférence de presse.
Les revenus de la banque de détail et de la banque privée, première activité du groupe, ont diminué de 3,2%, à 5,2 milliards d'euros, touchés par une renégociation massive des prêts immobiliers, qui a porté sur "un peu plus du tiers" du stock ces deux dernières années, a précisé M. Weber.
D'où la nécessité pour le groupe d'"accroître et diversifier ses sources de rentabilité tout en gardant ses missions de service public", a poursuivi le dirigeant de la filiale bancaire de la Poste.
"C'est vital pour nous, il faut qu'on ait avant 2020 15% de notre chiffre d'affaires global qui soit fait sur autre chose que sur le particulier", a-t-il enchéri.
- Banque mobile en 2018 -
A mi-chemin de son plan stratégique à horizon 2020, Banque Postale indique avoir engagé 430 millions d'euros dans sa transformation depuis 2014 sur le milliard d'euros d'investissements prévu.
Une mue qui passe entre autres par une réorganisation de son réseau et la formation de ses agents en vue de capter une clientèle de professionnels et aussi plus aisée, dite patrimoniale.
Pour y parvenir, le groupe table sur la formation de 1.000 responsables de clientèle professionnelle à horizon 2020 et celle des conseillers clientèles à la gestion patrimoniale.
En 2017, "la montée en puissance" de BPE, la filiale banque patrimoniale du groupe, se traduira également par l'ouverture de "quelques dizaines" d'espaces BPE dans des bureaux de postes, en plus des 31 agences BPE existantes.
Banque Postale compte plus de 605.000 clients patrimoniaux sur ses 10,7 millions de clients actifs.
Le groupe a en outre confirmé le lancement à l'automne 2018 de sa banque en ligne, qui sera portée par une filiale, "dont le processus d'agrément vient d'être enclenché auprès de l'ACPR (Autorité prudentielle de contrôle et de résolution, NDLR)", l'autorité de régulation des secteurs de la banque et de l'assurance.
Ce sera "la banque mobile pour tous, chacun pourra y trouver son intérêt y compris la clientèle fragile (...) si on l'accompagne en pédagogie", a argumenté M. Weber, qui n'a pas voulu communiquer d'objectif de clientèle.
Outre cette banque en ligne, qui devrait proposer tous les services fournis traditionnellement en agence, la Banque Postale entend dématérialiser son offre, notamment dans le crédit à la consommation et l'assurance-vie avec le lancement à la mi-2017 d'un contrat 100% numérique.
Dans l'assurance, le chiffre d'affaires est ressorti en hausse de 6,3%, à 198 millions d'euros, soutenu par une bonne dynamique commerciale en santé et en assurances de dommages et de biens (+14%, plus de 1,5 million de contrats)
En matière de gestion d'actifs, les revenus ont aussi grimpé de 12,7%, à 163 millions d'euros, bénéficiant du rapprochement, annoncé en octobre, de Ciloger, sa filiale de gestion d'actifs immobiliers, avec son homologue AEW Europe, détenue par la banque Natixis.
Enfin, Banque Postale continue de réduire ses coûts, notamment via la refonte de son réseau en zone urbaine en fonction de ses obligations légales et en ne remplaçant pas tous les départs à la retraite, a indiqué la direction du groupe, sans donner un chiffrage précis.