La semaine passée, nous appelions les investisseurs à acheter massivement le marché obligataire en raison du grand retour probable et prochain de la BCE dans le panorama financier…
Cette semaine a clairement montré la voie, les marchés ayant, comme nous, intégré cette probabilité et revenant massivement à l’achat sur les corporates qui ont pu émettre massivement sur le marché primaire, alors même que ce dernier s’était significativement calmé les dernières semaines du fait des incertitudes croissantes entre Italie, Brexit et guerre commerciale…
Mais il n’est plus guère question d’aléa économique ou politique aujourd’hui, les marchés se sont remis dans l’humeur de 2015, époque à laquelle la BCE avait lancé son premier QE.
Ainsi, cette semaine, alors même que lundi était ‘plus ou moins’ chômé en France, et donc peu propice aux émissions, ce ne sont pas moins de 55 émissions obligataires qui se sont concentrées sur quatre journées, avec :
Des émetteurs réguliers comme les banques ou assureurs : Santander (MC:SAN), BBVA (MC:BBVA), Oberbank, Commerzbank (DE:CBKG), Jyske Bank ou même Ubi Banca, émetteur dont personne ne voulait fin 2018 et qui avait vu son taux de rendement s’envoler et qui a pu placer aisément cette semaine une émission senior ‘non-privilégiée’ (nouvelle catégorie d’obligations seniors éligibles au bail-in) de maturité cinq ans, à un spread de 290 points de base contre swaps soit un rendement de 2.7% environ.
Des corporates profitant de l’aubaine pour se refinancer à bon compte, comme Spie ou Vettenfall, le dernier assortissant son obligation du fameux label « green » lui permettant de payer des rendements encore plus faibles à la condition que l’emprunt serve au financement d’énergie « verte ». Attention cependant, car cela ne signifie pas que l’entreprise elle-même soit totalement verte ou ESG ! C’est d’ailleurs pour cela qu’elle a besoin de distinguer deux types d’obligations, les ‘classiques’ pour les projets électriques les plus polluants qui, évidemment représentent la grande majorité, et les ‘green’ pour les projets dits « éco-responsables » labellisés comme tels car ils entrent dans de nouvelles poches d’investissements institutionnels et permettent de payer moins d’intérêts… Il n’est pas dit qu’un prochain scandale se produise au sujet de ces obligations, l’objet du financement étant soi-disant clairement défini comme « ESG » ou « vert » mais difficilement contrôlable par les investisseurs… A moins que l’émission soit réalisée par un véhicule spécial de l’entreprise, totalement cantonné, ce qui est rarement le cas, comment en effet être certain que les fonds levés par une obligation green, ne seront pas noircis dans un projet beaucoup moins louable ?