par Stefano Bernabei
MILAN (Reuters) - L'établissement financier public italien CDP doit prendre une participation pouvant atteindre 5% dans Telecom Italia (MI:TLIT) (TIM), ont déclaré jeudi trois sources proches du dossier, initiative qui vise à préserver les intérêts de l'Etat dans l'ex-monopole téléphonique, dont les actifs sont considérés comme étant stratégiques.
Elle intervient en outre en un moment où le fonds activiste Elliott, qui détient potentiellement 5,74% de Telecom Italia, s'emploie à contester la manière dont Vivendi (PA:VIV), principal actionnaire de l'opérateur télécoms avec une participation de 23,9%, gère ce dernier.
La CDP (Cassa Depositi e Prestiti), émanation du Trésor italien, veut acquérir sa participation à temps pour pouvoir participer à l'assemblée générale (AG) de TIM du 24 avril.
"L'objectif de la CDP est de devenir un actionnaire financier stable et de long terme (...) garantissant l''italianité' de la société", a observé l'une des sources.
Une participation de 5% dans TIM valait 575 millions d'euros au cours de clôture de mercredi.
L'opérateur télécoms, qui a décidé de scinder son réseau fixe et de l'intégrer dans une nouvelle structure baptisée NetCo, doit tenir deux AG, le 24 avril et le 4 mai.
Vivendi et Telecom Italia se sont abstenu de tout commentaire.
La décision de la CDP sera actée ce jeudi à l'occasion d'une réunion du conseil d'administration, a précisé l'une des trois sources.
La CDP ne détient pour l'heure pas la moindre action TIM et a l'intention d'en acheter sur le marché ou par blocs, a ajouté la source.
"Ce qui m'étonne c'est qu'on ne l'ait pas fait plus tôt; c'est un actif stratégique, il y a un problème de contrôle et nous ne savons pas ce que Vivendi veut faire", observe Roberto Lottici, gérant d'Ifigest. "La CDP a bien fait de prendre cette posture de sauvegarde".
Elliott a réclamé le remplacement de six membres du conseil d'administration nommés par Vivendi, dont le président, et président du directoire de Vivendi, Arnaud de Puyfontaine, à l'occasion de la prochaine AG. Mais huit membres du conseil d'administration, nommés par Vivendi, ont démissionné peu après.
TIM a inclus mardi à l'ordre du jour de l'AG la motion d'Elliott visant à nommer six administrateurs en remplacement de ceux qui ont cessé leurs fonctions.
Elliott estime qu'il ne sera pas nécessaire pour les actionnaires de TIM de choisir un nouveau conseil d'administration en mai s'ils approuvent ce mois-ci ses administrateurs nominés. TIM pense au contraire que même si les candidats d'Elliott sont adoubés en avril, un vote devra avoir lieu en mai pour élire un nouveau conseil d'administration.
L'action Telecom Italia gagne 3,6% vers 10h50 GMT en Bourse de Milan, surperformant l'indice des valeurs vedettes qui prend 1,8% dans le même temps, tandis que Vivendi avance de 3,08% en Bourse de Paris.
"L'entrée de la CDP dans le capital de TIM pourrait porter l'action à court terme, soutenir les projets d'Elliott dans la perspective de l'AG du 24 avril et renforcer l'hypothèse d'un réseau unique (par fusion de NetCo) avec (le concurrent) Open Fiber", constate le courtier Banca IMI (LON:IMI).
(Avec Giulia Segreti et Stephen Jewkes; Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Marc Joanny)