L'opérateur Deutsche Telekom (DE:DTEGn) a vu son bilan financier 2016 assombri par un effet ricochet inattendu du Brexit, qui a fortement déprécié la participation de l'allemand dans le britannique BT et en conséquence fait reculer ses bénéfices.
Les analystes tablaient en moyenne sur une nette hausse à plus de 4 milliards d'euros de bénéfices. La réalité a été une chute du bénéfice net de 18% à 2,67 milliards d'euros, selon les chiffres publiés jeudi par l'ancien opérateur public allemand.
Deutsche Telekom explique cette surprise négative par une dépréciation de 2,2 milliards d'euros de la valeur financière de sa part dans BT, sous l'effet du "recul du cours de Bourse de BT ainsi que de la livre britannique après le référendum sur le Brexit".
En échange de la cession de ses parts dans l'opérateur mobile EE, co-détenu avec le français Orange, Deutsche Telekom avait obtenu en 2016 une participation de 12% dans BT (ex-British Telecom), qui pâtit en outre d'un scandale comptable en Italie.
"Naturellement cela ne nous réjouit pas, mais (la participation dans BT) reste un actif hautement attractif", a estimé le patron de Deutsche Telekom, Tim Höttges, lors d'une conférence de presse à Bonn (ouest).
Il a surtout voulu que cela ne cache pas l'ensemble du tableau. "2016 a été pour nous, d'un point de vue opérationnel, une bonne année", a-t-il insisté. Cela se concrétise par une hausse de 5,6% du chiffre d'affaires annuel, à plus de 73 milliards d'euros, légèrement au-dessus des attentes, même si en Allemagne, où l'activité de téléphonie fixe continue de décliner, comme dans le reste de l'Europe, les recettes du groupe ont reculé.
Révélateur de sa résistance opérationnelle, le bénéfice brut d'exploitation (Ebitda) ajusté de Deutsche Telekom a augmenté de presque 8% à 21,4 milliards d'euros, un montant qui devrait encore progressé de 4% en 2017.
Pour l'année en cours, Deutsche Telekom, qui poursuit ses forts investissements dans le développement de la fibre optique, notamment via des partenariats comme avec Innogy (ex-RWE), veut aussi accroître son chiffre d'affaires.
- Ouvert à toutes les options -
Les investisseurs ne se montraient toutefois pas très convaincus à en croire le recul de 1,58% à 16,21 euros de l'action Deutsche Telekom jeudi à 10H52 GMT à la Bourse de Francfort. Il s'agissait de la plus mauvaise performance sur l'indice vedette du Dax.
"Deutsche Telekom a fourni des prévisions vagues pour 2017", a regretté Cengiz Sen, analyste de la banque Equinet, ne voyant pas beaucoup de catalyseur pour l'année en cours si ce n'est une éventuelle fusion entre la filiale américaine T-Mobile USA et Sprint.
Enfant à problème, ayant coûté à sa maison mère beaucoup d'argent pendant des années, T-Mobile USA s'est transformé, à la faveur de sa fusion avec MetroPCS en 2013, en enfant chéri, principale source de bénéfices pour Deutsche Telekom.
Cela ne s'est pas démenti en 2016 puisque l'opérateur américain a enregistré un gain net de 8,2 millions de clients en 2016, dans un marché américain de la téléphonie mobile pourtant ultra-concurrentiel et saturé. Ses recettes ont grimpé de 16% à 37,3 milliards de dollars et son bénéfice net a été multiplié par deux à 1,5 milliard de dollars.
En février, la possibilité de nouvelles discussions de rapprochement entre Sprint, filiale du japonais Softbank (T:9984), et T-Mobile USA a refait surface dans la presse, sans être confirmée d'un côté ou de l'autre. L'idée de ce rapprochement avait déjà couru en 2014 sans se concrétiser.
"Le marché américain est très libéral, dur et compétitif, mais il a encore de grandes possibilités de croissance", a estimé Tim Höttges. Le patron de Deutsche Telekom s'est simplement dit "ouvert" à toutes les options, le fait d'être "plutôt vendeur ou acheteur" n'étant pas non plus défini.