Le géant britannique de la distribution Tesco (LONDON:TSCO) a annoncé lundi la vente de son activité sud-coréenne, Homeplus, pour plus de 4 milliards de livres (5,44 milliards d'euros) à un consortium mené par le fonds d'investissement coréen MBK Partners.
Confronté entre autres à des difficultés sur le marché britannique, Tesco voulait céder cette activité, sa plus importante à l'étranger, pour dégager des liquidités. Le groupe a précisé qu'il allait recevoir 4,004 milliards de livres en cash, à l'occasion d'une transaction qui valorise Homeplus à hauteur de 4,240 milliards de livres (dette comprise).
Tesco a précisé dans un communiqué que cette opération allait lui permettre de réduire sa dette d'un montant proche (4,225 milliards de livres).
Sous l'égide de son nouveau directeur général, Dave Lewis, le groupe a rappelé avoir lancé au mois d'octobre 2014 un vaste plan de restructuration, destiné à "retrouver la compétitivité de son activité britannique", "protéger et renforcer son bilan" et "refonder la confiance et la transparence de son activité et de sa marque".
Tesco avait lancé à l'époque une revue stratégique de ses activités, au cours de laquelle "de nombreux intérêts se sont manifestés de la part de plusieurs parties pour Homeplus".
D'après des informations de presse, les fonds d'investissement Carlyle d'un côté, Affinity et KKR de l'autre, s'étaient aussi mis sur les rangs pour acheter cette activité sud-coréenne qui aurait aussi intéressé les distributeurs locaux Lotte et Hyundai Department Store.
Mais c'est finalement un consortium mené par MBK Partners qui a emporté l'accord de Tesco. Outre cette firme sud-coréenne, des fonds de pension du Canada et le fonds souverain singapourien Temasek font partie du consortium acquéreur.
- Année cauchemardesque -
Tesco avait acheté en 1999 au géant sud-coréen Samsung (KS:005930) la majorité de Homeplus, qui ne représentait alors qu'un distributeur de taille moyenne. Le groupe britannique a ensuite acquis peu à peu la totalité du capital, tout en faisant de sa filiale le numéro deux en Corée du Sud. Homeplus possède désormais 140 hypermarchés, 375 supermarchés et 327 supérettes et gère en outre de nombreuses galeries marchandes attenantes à ses hypermarchés.
Il emploie 26.000 personnes et sert plus de 6 millions de clients chaque semaine. Lors de l'exercice comptable de mars 2014 à février 2015, il a réalisé un chiffre d'affaires de 9.300 milliards de wons (environ 5,4 milliards de livres, soit 7,34 milliards d'euros, au taux de change retenu par Tesco).
Si elle obtient le feu vert des actionnaires de Tesco et des autorités de régulation sud-coréenne, la transaction devrait être bouclée dès le dernier trimestre de l'année calendaire 2015, a espéré le géant britannique.
Tesco a connu un exercice comptable 2014-2015 cauchemardesque, achevé sur une perte nette de 5,7 milliards de livres (près de 8 milliards d'euros), après avoir vu son bénéfice opérationnel plonger au Royaume-Uni. Sur son principal marché, le géant est confronté à une véritable "guerre des prix" lancée sous l'impulsion des enseignes allemandes de maxi-discompte Aldi et Lidl. Les groupes britanniques traditionnels visant une clientèle large, comme Tesco, mais aussi Morrison et Sainsbury, se voient contraints de sabrer leurs prix sous l'effet de cette concurrence, ce qui sape leur rentabilité.
Ces mauvais résultats ont été accompagnés par un scandale qui a entaché la réputation du groupe, lorsque Tesco a reconnu en septembre dernier que sa direction financière avait surestimé ses bénéfices de quelque 250 millions de livres - une affaire qui fait l'objet d'une enquête judiciaire et a entraîné le départ de plusieurs hauts responsables.
Le groupe a annoncé en outre début janvier la fermeture de 43 magasins non rentables au Royaume-Uni.
L'annonce de la vente de Homeplus était largement attendue par les investisseurs et l'action Tesco faisait lundi l'objet de prises de bénéfices à la Bourse de Londres, où elle cédait 0,75% à 184,55 pence vers 07H45 GMT.