Les actionnaires de la banque BMPS étaient réunis jeudi à Sienne pour se prononcer sur son plan de sauvetage, une étape cruciale pour le troisième établissement financier italien qui navigue en eaux troubles depuis des années.
Ce plan, annoncé fin juillet et qui a reçu mardi le feu vert de la Banque centrale européenne (BCE), prévoit la cession de 27,6 milliards d'euros de créances douteuses lourdes, suivie d'une augmentation de capital pouvant aller jusqu'à 5 milliards d'euros.
La Monte dei Paschi di Siena (MI:BMPS), qui concentre depuis de longs mois les inquiétudes autour du système bancaire italien, entend mener cette recapitalisation avant la fin 2016, mais le contexte est compliqué par le référendum constitutionnel du 4 décembre, qui pourrait provoquer la chute du gouvernement de Matteo Renzi.
L'assemblée s'est ouverte peu après 08H30 GMT, en présence de nombreux petits actionnaires, le plus souvent des retraités, ex-employés de la banque.
Des inquiétudes étaient nées en fin de semaine dernière sur le fait que le quorum de 20% du capital ne soit pas atteint, provoquant une chute du titre de 4,65% lundi. Mais jeudi, 22,3% du capital était représenté.
Alors que l'atomisation de l'actionnariat, avec la montée de fonds spéculatifs ces derniers temps, compliquait la donne, la banque a mandaté une société spécialisée, parallèlement au noyau d'actionnaires stables, pour récolter les adhésions d'investisseurs, tandis qu'un groupe d'employés étaient chargés de contacter les petits porteurs.
Les actionnaires stables de BMPS sont le Trésor italien (avec quelque 4% du capital), l'assureur Axa (3,1%), la Fondation MPS (0,7%), le fonds Fintech (entre 1 et 2%) et Alessandro Falciai (1,8%), qui doit devenir le nouveau président de la banque à la faveur d'une élection prévue également jeudi.
M. Falciai est le seul candidat pour remplacer Massimo Tononi, qui a démissionné en septembre peu après Fabrizio Viola, patron de BMPS depuis 2012 et remplacé par Marco Morelli, jusqu'alors N.1 de Bank of America Merrill Lynch en Italie.
- A la recherche d'investisseurs -
La démission de M. Viola, qui avait déjà mené deux augmentations de capital pour un total de 8 milliards d'euros, aurait été encouragée, selon la presse, par le gouvernement et le consortium de banques travaillant sur le plan, avec l'idée d'avoir un homme nouveau pour relever le défi du refinancement.
Le plan représente "un passage fondamental qui devrait permettre à la banque de pouvoir se positionner de manière nouvelle, avec une plus grande force, parmi les établissements leaders du système bancaire italien, avec une situation patrimoniale solide", a affirmé M. Morelli jeudi.
Plus vieil établissement financier du monde, la Monte est considérée comme l'un des maillons faibles du système bancaire italien. Elle a affiché les pires résultats aux tests de résistance publiés fin juillet par l'Autorité bancaire européenne (EBA).
Depuis début 2016, son titre a perdu plus de 80% à la Bourse de Milan.
Son plan de sauvetage inclut une offre de conversion volontaire d'obligations subordonnées en actions. BMPS s'attend à récolter un milliard d'euros avec cette opération qui doit être lancée fin novembre. Mais selon les observateurs, nombre de porteurs hésitent à apporter leurs titres, qui bénéficient d'une prime allant de 25 à 35%.
Parallèlement, la banque cherche à trouver un actionnaire de référence qui apporterait au moins un milliard d'euros, et plusieurs autres importants. Des contacts avancés ont lieu, selon la presse, avec le fonds du Qatar Qia.
L'objectif est de réduire l'augmentation de capital à 2-2,5 milliards d'euros, puisque le contexte est peu favorable et qu'UniCredit fera elle aussi appel au marché début 2017.
BMPS a souligné qu'il n'y avait aujourd'hui "pas d'opération alternative" à son plan. Pourtant, plusieurs petits actionnaires interrogés par l'AFP ont exprimé leur volonté de voter non, à l'image d'Alessandro Vigni, 68 ans, qui souhaiterait que la banque soit "nationalisée", parce que "la crise à la Monte est tellement grande qu'elle peut se répercuter sur tout le système bancaire italien".
Enrico Fatucchi, qui a travaillé 41 ans pour BMPS, votera en revanche oui comme un "acte de devoir", pour assurer "l'avenir de la banque, des employés et de Sienne".