Pernod Ricard (PARIS:PERP) a dévoilé à la fin du mois d'août des résultats annuels 2014/2015 globalement en ligne avec les attentes du marché. Au-delà des performances financières elles-mêmes, c'est la situation en Chine qui a monopolisé l'attention des observateurs. Gilles Bogaert, le directeur financier du groupe de spiritueux, revient avec Cercle Finance sur les dossiers chauds du moment.
Cercle Finance: Les difficultés actuellement rencontrées par la Chine signifient-elles que le redressement attendu des résultats de Pernod Ricard dans le pays pourrait prendre plus de temps que prévu?
Gilles Bogaert: Tout d'abord, je tiens à signaler que l'exercice 2014/2015 - qui s'est traduit par une baisse de 2% de nos ventes en Chine - a marqué une nette amélioration par rapport à l'année 2013/2014, où les ventes avaient chuté de 23%. Il est vrai que les tendances sous-jacentes sont plus faibles depuis quelques mois, compte tenu du ralentissement macro-économique et de la diminution des occasions de célébrer pour les consommateurs chinois. C'est pourquoi nous sommes prudents concernant l'exercice 2015/2016.
Cela étant, nous restons confiants dans notre capacité à dégager une croissance de notre chiffre d'affaires comprise entre 7% et 9% en Chine à moyen terme, grâce au développement des classes moyennes émergentes et l'apparition de nouveaux relais de croissance (marques premium et nouveaux canaux de distribution). Notre leadership en Chine nous met en bonne position pour saisir ces nouvelles opportunités.
CF: Votre ratio d'endettement ('leverage ratio') s'établit désormais en-dessous de 3,5x. Disposez-vous de suffisamment de marge de manoeuvre pour l'abaisser encore? Une accentuation des mesures de réductions de coûts est-elle envisageable pour réaliser cet objectif?
GB: Notre ratio d'endettement a fortement baissé depuis l'acquisition d'Absolut en 2008 et nous sommes notés en catégorie d'investissement ('investment grade') depuis environ trois ans. Nous avons la capacité de continuer à nous désendetter, via la croissance organique de notre Ebitda et notre forte génération de cash. La poursuite de l'amélioration graduelle de nos ventes et celle de notre efficacité opérationnelle seront, dans cet ordre, les deux principaux leviers de l'amélioration de l'Ebitda.
Parallèlement, nous disposons aujourd'hui de la flexibilité financière suffisante pour saisir des opportunités d'acquisition ciblées, tout en respectant notre objectif de rester 'investment grade'.
CF: Des opérations de refinancement sont-elles à attendre dans le contexte actuel de faiblesse des taux d'intérêt?
GB: Nous sommes un émetteur obligataire régulier, des deux côtés de l'Atlantique et nous avons l'intention de continuer à gérer nos refinancements de manière proactive, en fonction de nos échéances de remboursement, de notre génération de cash et des opportunités de marché.
CF: Dans une récente note de recherche, les analystes de Credit Suisse s'inquiétaient de la montée en puissance de la fabrication artisanale ('craft spirits') sur le marché américain. Vos grandes marques sont-elles vouées à voir leurs ventes reculer aux Etats-Unis au profit d'acteurs de petite taille? Des acquisitions de producteurs indépendants sont-elles envisageables?
GB: Beaucoup de petites marques échouent et des marques de taille significative peuvent au contraire se montrer très performantes. Ce qui importe, notamment pour les consommateurs de la nouvelle génération, c'est la différenciation, la nouveauté et l'authenticité. La plupart de nos marques ont une histoire, des racines et une qualité produit uniques: Absolut, qui est originaire de Suède, ou Jameson, un whiskey irlandais né en 1780 et distillé trois fois, ont des caractéristiques originales très fortes qui les rendent très légitimes par rapport aux marques qui se revendiquent 'craft'.
A nous de convaincre nos consommateurs de l'authenticité de nos marques, de montrer en quoi elles sont différentes et d'innover. C'est sans doute ce qui constitue le secret du succès de Jameson et ce sera la base du redressement d'Absolut aux Etats-Unis.
Propos recueillis par Sébastien Foll.
Copyright (c) 2015 CercleFinance.com. Tous droits réservés.
Cercle Finance: Les difficultés actuellement rencontrées par la Chine signifient-elles que le redressement attendu des résultats de Pernod Ricard dans le pays pourrait prendre plus de temps que prévu?
Gilles Bogaert: Tout d'abord, je tiens à signaler que l'exercice 2014/2015 - qui s'est traduit par une baisse de 2% de nos ventes en Chine - a marqué une nette amélioration par rapport à l'année 2013/2014, où les ventes avaient chuté de 23%. Il est vrai que les tendances sous-jacentes sont plus faibles depuis quelques mois, compte tenu du ralentissement macro-économique et de la diminution des occasions de célébrer pour les consommateurs chinois. C'est pourquoi nous sommes prudents concernant l'exercice 2015/2016.
Cela étant, nous restons confiants dans notre capacité à dégager une croissance de notre chiffre d'affaires comprise entre 7% et 9% en Chine à moyen terme, grâce au développement des classes moyennes émergentes et l'apparition de nouveaux relais de croissance (marques premium et nouveaux canaux de distribution). Notre leadership en Chine nous met en bonne position pour saisir ces nouvelles opportunités.
CF: Votre ratio d'endettement ('leverage ratio') s'établit désormais en-dessous de 3,5x. Disposez-vous de suffisamment de marge de manoeuvre pour l'abaisser encore? Une accentuation des mesures de réductions de coûts est-elle envisageable pour réaliser cet objectif?
GB: Notre ratio d'endettement a fortement baissé depuis l'acquisition d'Absolut en 2008 et nous sommes notés en catégorie d'investissement ('investment grade') depuis environ trois ans. Nous avons la capacité de continuer à nous désendetter, via la croissance organique de notre Ebitda et notre forte génération de cash. La poursuite de l'amélioration graduelle de nos ventes et celle de notre efficacité opérationnelle seront, dans cet ordre, les deux principaux leviers de l'amélioration de l'Ebitda.
Parallèlement, nous disposons aujourd'hui de la flexibilité financière suffisante pour saisir des opportunités d'acquisition ciblées, tout en respectant notre objectif de rester 'investment grade'.
CF: Des opérations de refinancement sont-elles à attendre dans le contexte actuel de faiblesse des taux d'intérêt?
GB: Nous sommes un émetteur obligataire régulier, des deux côtés de l'Atlantique et nous avons l'intention de continuer à gérer nos refinancements de manière proactive, en fonction de nos échéances de remboursement, de notre génération de cash et des opportunités de marché.
CF: Dans une récente note de recherche, les analystes de Credit Suisse s'inquiétaient de la montée en puissance de la fabrication artisanale ('craft spirits') sur le marché américain. Vos grandes marques sont-elles vouées à voir leurs ventes reculer aux Etats-Unis au profit d'acteurs de petite taille? Des acquisitions de producteurs indépendants sont-elles envisageables?
GB: Beaucoup de petites marques échouent et des marques de taille significative peuvent au contraire se montrer très performantes. Ce qui importe, notamment pour les consommateurs de la nouvelle génération, c'est la différenciation, la nouveauté et l'authenticité. La plupart de nos marques ont une histoire, des racines et une qualité produit uniques: Absolut, qui est originaire de Suède, ou Jameson, un whiskey irlandais né en 1780 et distillé trois fois, ont des caractéristiques originales très fortes qui les rendent très légitimes par rapport aux marques qui se revendiquent 'craft'.
A nous de convaincre nos consommateurs de l'authenticité de nos marques, de montrer en quoi elles sont différentes et d'innover. C'est sans doute ce qui constitue le secret du succès de Jameson et ce sera la base du redressement d'Absolut aux Etats-Unis.
Propos recueillis par Sébastien Foll.
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