par Gilles Guillaume et Laurence Frost
RUEIL-MALMAISON (Hauts-de-Seine) (Reuters) - PSA a annoncé mardi des résultats 2018 records portés par ses très rentables nouveaux SUV et par le redressement d'Opel, mais s'est fixé de nouveaux objectifs jugés prudents pour les années à venir.
Le constructeur, qui a habitué le marché à enchaîner les records depuis sa quasi-faillite de 2013, a réalisé l'an dernier un chiffre d'affaires de 74,027 milliards d'euros, en hausse de 18,9%, et un bénéfice opérationnel courant de 5,689 milliards (+43%), donnant une marge de 7,7%, contre 6,4% en 2017 et un résultat dans le rouge pas plus tard qu'en 2013.
Le bénéfice net, part du groupe, a grimpé de 47%, à 2,827 milliards d'euros.
Vers 13h30, l'action PSA perd 2,15% à 22,27 euros, signant la plus forte baisse du CAC 40.
"Les prévisions semblent conservatrices", commente Crédit suisse dans une note. "Les résultats sont solides mais risquent de ne pas exciter les foules, PSA ayant fait mieux que le marché l'attendait plusieurs fois de suite au cours des deux dernières années."
Le consensus Infront Data pour Reuters donnait un chiffre d'affaires et un bénéfice net supérieurs, respectivement à 74,8 milliards et 2,986 milliards, mais le groupe a fait mieux en termes de bénéfice opérationnel puisque les analystes attendaient 5,612 milliards.
"Nous entrons à présent dans la deuxième phase du plan Push to Pass avec confiance, dans un contexte de vents contraires encore plus forts", a déclaré le président du directoire Carlos Tavares, cité dans un communiqué. "Nul doute que notre approche agile, centrée sur le client et socialement responsable fera la différence."
Pour la deuxième phase du plan stratégique, PSA s'est fixé pour nouvel objectif à moyen terme une marge opérationnelle courante pour la division automobile supérieure à 4,5% pour 2019-2021, une prévision qui inclut cette fois les nouvelles marques Opel et Vauxhall.
La marge des marques historiques Peugeot (PA:PEUP), Citroën et DS est ressortie à 8,4% en 2018, et celle d'Opel/Vauxhall à 4,7%.
Au cours d'une téléconférence, le directeur financier Philippe de Rovira a souligné que 4,5% était un minimum dans le pire des scénarios macroéconomiques, notamment celui d'un Brexit sans accord.
CITROËN REVIENT EN INDE ET OPEL EN RUSSIE
Fort d'un résultat net record lui aussi, PSA a annoncé une hausse du dividende pour ses actionnaires à 0,78 euro par action, contre 0,53 euro au titre de l'exercice précédent, et son intention de porter de 25% à 28% le taux de distribution au cours des prochaines années.
Sur France Info, Carlos Tavares a également annoncé le versement d'une prime de 3.810 euros brut pour les salariés du groupe gagnant jusqu'à deux fois le SMIC, contre 2.660 au titre de 2017 (+43%).
Durant la deuxième phase de son plan, PSA va accélérer sa présence hors d'Europe afin de réduire sa dépendance à un continent qui a pesé pour plus de 80% de ses ventes en 2018, reflet du succès de ses SUV mais aussi de l'ajout d'Opel.
Il prévoit d'augmenter de 50% ses ventes hors d'Europe d'ici 2021, avec plusieurs décisions majeures: le choix de Peugeot pour revenir à terme en Amérique du Nord, celui de Citroën pour l'Inde, dont la marque aux chevrons est absente depuis les années 1930, et la décision de relancer la marque Opel en Russie.
Grâce à la croissance de ces marchés - il prévoit notamment une hausse de 5% du marché automobile russe en 2019 - PSA espère compenser la dégradation du marché européen, attendu stable, et la baisse de 3% prévue pour le marché chinois où le groupe rencontre par ailleurs d'importantes difficultés opérationnelles et commerciales depuis plusieurs années.
(Avec Laetitia Volga, édité par Catherine Mallebay-Vacqueur)