par Gilles Guillaume et Gwénaëlle Barzic
PARIS (Reuters) - Publicis a dévoilé lundi un projet de rachat du spécialiste de la publicité en ligne Sapient pour 3,7 milliards de dollars dans le but d'accélérer sa transition vers le numérique après son projet de mariage avorté.
Le numéro trois mondial de la publicité propose 25 dollars par action pour mettre la main sur la société américaine, l'une des dernières grandes agences publicitaires indépendantes, offrant une prime de 44% sur le cours de clôture de vendredi.
L'opération, que Publicis compte financer en utilisant sa trésorerie et en levant de la dette, a été approuvée à l'unanimité par les conseils des deux sociétés.
Elle constitue un nouveau jalon dans la stratégie de Publicis menée tambour battant depuis 2006 d'acquisitions dans le secteur à forte croissance du numérique.
Spécialisée dans le conseil aux entreprises, Sapient, qui compte parmi ses clients Coca-Cola, Unilever et Staples, devrait permettre à Publicis d'atteindre dès 2015, avec trois ans d'avance, son objectif de réaliser 50% de son chiffre d'affaires dans le digital. Au premier semestre de cette année, cette part était de 40,6%, et en 2012 de 32,9%.
En Bourse, l'action Publicis signe cependant la deuxième plus forte baisse du CAC 40, abandonnant à 13h35 2,53% à 53,91 euros. Depuis le début de l'année, son recul atteint désormais 19%, sur fond d'inquiétudes face au décrochage des résultats de Publicis ces derniers mois.
Pour rebondir, le groupe français, qui explique cette contre-performance par la forte mobilisation de ses équipes sur le projet avorté de fusion avec Omnicom, a promis d'accélérer dans le numérique. Courant septembre, il a également annoncé son intention de procéder à des rachats d'actions pour un montant non précisé, une perspective qui pourrait désormais être compromise au vu du prix élevé de l'acquisition, craignent les investisseurs.
"C'est un bon actif, stratégiquement intéressant, mais le prix est élevé et le calendrier en matière de retours aux actionnaires pourrait être différé de deux ans", commentent les analystes d'Exane BNP Paribas dans une note.
"Publicis est sous-endetté et fait face à la pression de ses actionnaires pour redistribuer du cash. Le rachat de Sapient rend un tel retour peu probable à notre avis", estiment également les analystes d'UBS dans une note.
LA PRÉSENTATION DU PLAN STRATÉGIQUE REPOUSSÉE
Publicis prévoit de détailler ses intentions en la matière lors de la présentation de son plan stratégique, initialement prévue ce vendredi. Une nouvelle date sera communiquée dans le courant du mois.
"Cette opération est extrêmement importante pour assurer l'avenir de Publicis", a souligné le président du directoire du groupe, Maurice Lévy, lors d'une conférence téléphonique avec des analystes.
"C'est bien mieux d'investir et de dégager une plus forte croissance et des profits plus élevés pour nos actionnaires (...) plutôt que de simplement racheter nos actions."
Dans un communiqué, Publicis indique que la transaction aura un impact relutif sur sa croissance et son bénéfice net, mais sans fournir de calendrier, et qu'elle devrait générer 50 millions d'euros de synergies de coûts par an d'ici trois ans.
L'acquisition, qui bénéficie d'un engagement de financement de la part de Citibank, ne devrait pas avoir d'impact sur les notes de crédit du groupe, a indiqué Maurice Lévy.
Basé à Boston, Sapient, qui sortira de la cote à l'issue de la transaction, affiche une capitalisation boursière de 2,46 milliards de dollars (1,97 milliard d'euros) selon les données Thomson Reuters.
Le groupe, qui propose notamment des solutions technologiques pour aider ses clients à faire face à la mutation vers le numérique dans les domaines du marketing, du commerce multicanal et du conseil, emploie 13.000 personnes, dont 8.500 en Inde.
La croissance de la société, reconnue dans son secteur, a atteint 15% en moyenne entre 2010 et 2013, portée par l'essor de la publicité en ligne qui devrait capter près d'un quart des dépenses publicitaires cette année et ainsi détrôner la presse écrite, selon les estimations de ZenithOptimedia, une filiale de Publicis.
(Avec Leila Abboud, édité par Dominique Rodriguez) Reuters Fr
par Gilles Guillaume et Gwénaëlle Barzic
PARIS (Reuters) - Publicis a dévoilé lundi un projet de rachat du spécialiste de la publicité en ligne Sapient pour 3,7 milliards de dollars dans le but d'accélérer sa transition vers le numérique après son projet de mariage avorté.
Le numéro trois mondial de la publicité propose 25 dollars par action pour mettre la main sur la société américaine, l'une des dernières grandes agences publicitaires indépendantes, offrant une prime de 44% sur le cours de clôture de vendredi.
L'opération, que Publicis compte financer en utilisant sa trésorerie et en levant de la dette, a été approuvée à l'unanimité par les conseils des deux sociétés.
Elle constitue un nouveau jalon dans la stratégie de Publicis menée tambour battant depuis 2006 d'acquisitions dans le secteur à forte croissance du numérique.
Spécialisée dans le conseil aux entreprises, Sapient, qui compte parmi ses clients Coca-Cola, Unilever et Staples, devrait permettre à Publicis d'atteindre dès 2015, avec trois ans d'avance, son objectif de réaliser 50% de son chiffre d'affaires dans le digital. Au premier semestre de cette année, cette part était de 40,6%, et en 2012 de 32,9%.
En Bourse, l'action Publicis signe cependant la deuxième plus forte baisse du CAC 40, abandonnant à 13h35 2,53% à 53,91 euros. Depuis le début de l'année, son recul atteint désormais 19%, sur fond d'inquiétudes face au décrochage des résultats de Publicis ces derniers mois.
Pour rebondir, le groupe français, qui explique cette contre-performance par la forte mobilisation de ses équipes sur le projet avorté de fusion avec Omnicom, a promis d'accélérer dans le numérique. Courant septembre, il a également annoncé son intention de procéder à des rachats d'actions pour un montant non précisé, une perspective qui pourrait désormais être compromise au vu du prix élevé de l'acquisition, craignent les investisseurs.
"C'est un bon actif, stratégiquement intéressant, mais le prix est élevé et le calendrier en matière de retours aux actionnaires pourrait être différé de deux ans", commentent les analystes d'Exane BNP Paribas dans une note.
"Publicis est sous-endetté et fait face à la pression de ses actionnaires pour redistribuer du cash. Le rachat de Sapient rend un tel retour peu probable à notre avis", estiment également les analystes d'UBS dans une note.
LA PRÉSENTATION DU PLAN STRATÉGIQUE REPOUSSÉE
Publicis prévoit de détailler ses intentions en la matière lors de la présentation de son plan stratégique, initialement prévue ce vendredi. Une nouvelle date sera communiquée dans le courant du mois.
"Cette opération est extrêmement importante pour assurer l'avenir de Publicis", a souligné le président du directoire du groupe, Maurice Lévy, lors d'une conférence téléphonique avec des analystes.
"C'est bien mieux d'investir et de dégager une plus forte croissance et des profits plus élevés pour nos actionnaires (...) plutôt que de simplement racheter nos actions."
Dans un communiqué, Publicis indique que la transaction aura un impact relutif sur sa croissance et son bénéfice net, mais sans fournir de calendrier, et qu'elle devrait générer 50 millions d'euros de synergies de coûts par an d'ici trois ans.
L'acquisition, qui bénéficie d'un engagement de financement de la part de Citibank, ne devrait pas avoir d'impact sur les notes de crédit du groupe, a indiqué Maurice Lévy.
Basé à Boston, Sapient, qui sortira de la cote à l'issue de la transaction, affiche une capitalisation boursière de 2,46 milliards de dollars (1,97 milliard d'euros) selon les données Thomson Reuters.
Le groupe, qui propose notamment des solutions technologiques pour aider ses clients à faire face à la mutation vers le numérique dans les domaines du marketing, du commerce multicanal et du conseil, emploie 13.000 personnes, dont 8.500 en Inde.
La croissance de la société, reconnue dans son secteur, a atteint 15% en moyenne entre 2010 et 2013, portée par l'essor de la publicité en ligne qui devrait capter près d'un quart des dépenses publicitaires cette année et ainsi détrôner la presse écrite, selon les estimations de ZenithOptimedia, une filiale de Publicis.
(Avec Leila Abboud, édité par Dominique Rodriguez)