Le groupe Bouygues (PA:BOUY) s'est dit déterminé à persévérer dans l'amélioration de sa rentabilité qui a marqué tous ses métiers en 2016, en publiant des résultats annuels très supérieurs aux attentes, gonflés par des cessions.
L'an dernier, le bénéfice net a bondi de 82%, à 732 millions d'euros, grâce notamment au produit de cession de participations dans deux sociétés concessionnaires autoroutières, Adelac (A41) et Atlandes (A63), a-t-il annoncé jeudi.
Retraité des éléments exceptionnels, le bénéfice net ressort en hausse de 29%, à 632 millions d'euros, bien meilleur que les 547 millions d'euros anticipés par les analystes interrogés par le fournisseur de données financières Factset.
De son côté, le chiffre d'affaires se replie de 2%, à 31,76 milliards, mais reste stable à périmètre et taux de change constants, indique le groupe.
"En 2016, le groupe a atteint ou dépassé tous ses objectifs", s'est félicité le PDG, Martin Bouygues, lors d'une conférence de presse, une performance portée par Bouygues Telecom et les activités de construction.
Le résultat opérationnel courant est ressorti l'an dernier en hausse de 19% par rapport à 2015, à 1,1 milliard d'euros, tandis que la marge opérationnelle courante a progressé de 0,6 point sur un an, à 3,5%.
Pour 2017, Bouygues table sur une poursuite de l'amélioration de sa profitabilité, "portée par tous les métiers", grâce à des "avantages concurrentiels différenciants et à un carnet de commandes à un niveau élevé" dans la construction.
- 'L'épisode boucherie se termine' -
Après avoir dégagé un bénéfice net de 83 millions d'euros en 2016, contre une perte l'année précédente, Bouygues Telecom a confirmé son objectif de marge d'Ebitda de 25% en 2017.
Déterminé à faire cavalier seul après son rapprochement avorté avec Orange, a répété le PDG, l'opérateur "va se montrer agressif dans le fixe" et investir massivement dans le mobile, à hauteur de 1,2 milliard d'euros bruts dans la 4G et la future 5G.
Après la concurrence exacerbée provoquée par l'arrivée de l'opérateur Free, "l'épisode boucherie se termine", s'est exclamé Martin Bouygues. "Cela a duré 6 ans, 50.000 personnes ont perdu leur job, on a détruit de la valeur de trois entreprises du CAC 40 et l'Etat a perdu beaucoup d'argent", a-t-il martelé.
La filiale TF1 (PA:TFFP), qui a publié le 16 février un bénéfice net en repli de 58%, à 41,7 millions d'euros, vise un taux de marge opérationnelle courante à deux chiffres en 2019.
L'endettement net ressort à 1,9 milliard d'euros à fin décembre 2016, en baisse de 695 millions d'euros comparé à un an plus tôt. Quant au ratio d'endettement net sur capitaux propres, il est de 20%, en amélioration de 8 points sur un an.
Le carnet de commandes des activités de construction atteint un "niveau record" de 30,2 milliards d'euros à fin décembre 2016 (+4%), dont 16 milliards à l'international (+2%).
- 'Priorité au développement' -
Aux Etats-Unis, le groupe pourrait bénéficier du plan massif d'investissement dans les infrastructures promis par le président, Donald Trump, un "aléa positif" à ce stade.
Sur le continent nord-américain qui génère 26% du chiffre d'affaires en construction, "il y a à faire pour Bouygues Construction et surtout Colas, qui ont une vraie valeur ajoutée, et beaucoup d'implantations locales", a estimé le PDG. Mais le groupe n'est pas intéressé par la construction d'un mur avec le Mexique, "une structure métallique" sur laquelle il n'a "pas de compétence particulière".
Un dividende de 1,60 euro par action sera proposé au titre de l'exercice, stable malgré la forte croissance des résultats car Bouygues a "de nombreux projets d'investissement" et veut "donner la priorité à son développement".
Interrogé sur l'élection présidentielle, Martin Bouygues a affirmé que quelle qu'en soit l'issue, le groupe "s'adaptera, comme il l'a toujours fait". "Je suis triste de voir combien les Français sont désenchantés", a-t-il toutefois confié, qualifiant d'"un peu rock'n roll" le programme économique de la candidate d'extrême droite Marine Le Pen, actuellement en tête des intentions de vote.