par Noëlle Mennella
PARIS (Reuters) - Sanofi (PA:SASY) s'est dit vendredi confiant dans sa capacité à gagner le soutien des actionnaires de la biotech américaine Medivation qu'il convoite, mais le marché reste sur ses gardes.
En Bourse, après que le groupe pharmaceutique a publié des résultats trimestriels solides malgré un fort impact négatif des changes et la faiblesse persistante de son activité diabète, le titre abandonne 3,5% à 73,52 euros à la mi-journée, plus forte baisse de l'indice CAC 40. Il avait cédé 1,05% la veille avec l'annonce de l'offre hostile sur Medivation.
"Personne n'a envie de revenir (sur la valeur, NDLR) tant que certains dossiers n'ont pas été clarifiés (...) c'est plus le sentiment du marché que les résultats eux-mêmes qui pèsent sur le titre. Le 'deal' n'aide pas, les gens ont peur qu'ils surpayent", commente un analyste basé à Paris.
Si elle aboutissait, l'offre à 9,3 milliards de dollars (8,2 milliards d'euros) sur Medivation permettrait à Sanofi de renforcer assez vite ses positions dans l'oncologie, et de compenser ainsi les conséquences néfastes sur ses ventes de la perte aux Etats-Unis du brevet de son antidiabétique Lantus.
"Nous sommes confiants que les actionnaires de Medivation finiront par partager notre ferme conviction que notre offre serait significativement et immédiatement créatrice de valeur", a déclaré le directeur général de Sanofi lors d'une conférence de presse téléphonique.
Olivier Brandicourt a insisté sur l'intérêt stratégique d'une opération et a dit espérer que le conseil d'administration de Medivation saisirait l'opportunité offerte et "pourra de manière constructive s'engager dans les prochaines semaines".
Il s'est refusé à tout commentaire sur une éventuelle bataille boursière autour de cette société dont le portefeuille compte un traitement du cancer de la prostate, le Xtandi, qui a réalisé en 2015 un chiffre d'affaires d'un peu plus de deux milliards de dollars.
GENZYME TOUJOURS EN VEDETTE
Olivier Brandicourt a par ailleurs indiqué que Sanofi se préparait à signer à la mi-2016 un accord sur l'échange de son pôle de santé animale Merial contre les activités de santé grand public du groupe allemand Boehringer, une transaction dont les termes ont été annoncés à la mi-décembre.
La clôture de cette opération est toujours prévue d'ici à la fin 2016, a-t-il ajouté.
A fin mars, le chiffre d'affaires de Sanofi ressort à 8.543 millions d'euros (consensus Reuters de 8.733 millions), en repli de 1,9% à données publiées, pénalisé par les variations des taux de change et notamment une modification de celui du Venezuela, mais il est en légère amélioration de 0,7% à taux de changes constants.
Les ventes de l'activité diabète ont baissé de 4,5% à changes constants. Celles de Genzyme ont crû de 20,5%, celles de Merial (santé animale) de 17,5% et celles des vaccins de 8,2%.
Le résultat opérationnel s'inscrit à 2.384 millions d'euros (consensus 2.365 millions) en repli de 0,6% en publié mais en hausse de 3% en comparable.
Le résultat net est en repli de 0,2% (+3,5% à changes constants) à 1.722 millions (consensus à 1.702 millions), faisant ressortir un bénéfice par action de 1,34 euro (consensus de 1,32 euro), en hausse de 1,5% en publié et de 5,3% à changes constants.
Sanofi a confirmé attendre pour la totalité de l'exercice 2016 un bénéfice net par action "globalement stable" à taux de change constants par rapport à celui de 5,64 euros enregistré en 2015.
Il a précisé que l'effet négatif des changes sur le bénéfice par action 2016 était estimé à -3% dans l'hypothèse où les taux de change des trois prochains trimestres seront identiques aux taux moyens de mars 2016.
Le concurrent danois Novo Nordisk (CO:NOVOb), qui diffusait aussi ses résultats trimestriels vendredi, a affiché un résultat opérationnel légèrement au-dessus des attentes mais a abaissé ses prévisions pour l'exercice 2016 en raison de l'impact des changes.
(Avec Joseph Sotinel, édité par Dominique Rodriguez)