Par Geoffrey Smith
Investing.com - La saga sur Atlantia SpA (MI:ATL), la société dont le mauvais entretien des autoroutes italiennes a conduit à l'effondrement fatal d'un pont à Gênes il y a deux ans, semble toucher à sa fin, et bien que ce ne soit pas une fin heureuse pour la génération actuelle d'actionnaires, elle permet au moins d'éviter le pire des scénarios.
L'action Atlantia a augmenté de plus de 20 % à Milan en milieu de matinée mercredi, après l'annonce qu'un consortium dirigé par la banque publique CDP va acheter une participation majoritaire dans Autostrade, l'unité d'Atlantia qui gère la concession concernée.
Selon Reuters, une deuxième phase verra Autostrade se séparer du groupe et être cotée en bourse, bien que les actionnaires d'Atlantia recevront des actions de la nouvelle société. Elles seront fortement diluées, mais pas expropriées.
Les arguments émotionnels sur la justice de cette solution mis à part, la conséquence immédiate est qu'Atlantia ne s'effondrera pas sous le poids de ses dettes, qui ont besoin des flux de trésorerie d'Autostrade pour les servir.
Plus important encore pour les actifs italiens en général, cela signale que le modèle italien, dans lequel l'État récompense un petit nombre d'acteurs privés pour avoir retiré de son bilan de vastes dettes souvent non financées, est toujours intact - ne serait-ce que parce que le pays n'a pas encore trouvé de meilleure alternative. La seule certitude de la solution annoncée mercredi est que les dettes d'Autostrade, et les besoins de financement implicites des artères routières du pays pour les prochaines décennies, sont maintenus hors des comptes publics, ce qui permet à l'Italie de préserver plus longtemps l'apparence de solvabilité de l'État.
La nécessité d'une telle créativité a été accentuée par le débat actuel sur le nouveau fonds de relance de l'UE, qui signale une expansion révolutionnaire des subventions directes aux différents États membres.
L'Italie est sur le point de devenir l'un des principaux bénéficiaires de ces subventions, mais les négociations sont bloquées par les objections des Pays-Bas, de l'Autriche et de la Scandinavie, qui refusent de verser de l'argent dans ce qu'ils considèrent comme un puits sans fond. Une faillite brutale d'Autostrade aurait rendu beaucoup plus difficile pour le gouvernement italien de persuader ses voisins frugaux qu'on peut lui faire confiance pour utiliser les futures subventions à bon escient.
Ainsi, un compromis désordonné - qui permet à la famille Benetton, le plus grand actionnaire d'Atlantia, de continuer à profiter des bénéfices d'un monopole d'État - ouvre la voie à un autre au niveau de l'UE. Ce compromis pourrait ou non être trouvé lors du sommet de cette semaine. Si le fonds de relance peut être approuvé, l'Italie pourra alors s'attendre à une évaluation plus favorable de sa solvabilité à long terme, ce qui améliorerait ses chances d'attirer des investissements à long terme. Cet état de grâce n'est encore qu'une possibilité lointaine, mais - au moins pour l'instant - le spectacle continue.