L'agence de notation financière Moody's a abaissé mardi de deux crans, à Ba2, la note du conglomérat industriel japonais Toshiba, désormais en catégorie spéculative, au lendemain de l'annonce de restructurations qui vont se solder par une perte nette annuelle record.
Cette décision "a été déclenchée par la présentation par Toshiba de son plan de réformes structurelles et de ses prévisions financières pour l'exercice qui s'achèvera le 31 mars 2016", a expliqué Masako Kuwahara, un vice-président de Moody's, dans un communiqué. "Les résultats et les flux de trésorerie vont s'avérer bien inférieurs à nos estimations antérieures".
L'agence, qui a placé la note sous surveillance en vue d'une éventuelle nouvelle dégradation, juge en outre les retombées de ces restructurations "incertaines" sur la performance opérationnelle du groupe.
Toshiba a annoncé lundi après-midi des mesures de restructuration qui touchent essentiellement ses activités de produits grand public (PC, TV, électroménager), après avoir masqué durant des années la mauvaise santé de ces divisions soumises à rude concurrence par le biais d'artifices comptables.
Ce plan, assorti de plus de 10.000 suppressions de postes au total, devrait résulter en une perte nette de 550 milliards de yens cette année comptable, selon les prévisions du groupe.
Toshiba a indiqué vouloir se recentrer autour de deux piliers principaux: les équipements pour la production d'électricité et l'énergie et le stockage de données.
Dans ce dernier domaine cependant, Moody's redoute "une détérioration significative" de la rentabilité, en raison "des investissements à grande échelle" requis pour monter en gamme et rester dans la course.
La firme japonaise est, avec son partenaire américain Sandisk, un des plus importants fabricants mondiaux de mémoires Flash NAND aux côtés du sud-coréen Samsung (KS:005930).
Ces puces de stockage de données sont celles qui constituent les cartes-mémoires des téléphones mobiles, appareils photos et autres produits nomades. On les trouve aussi dans les ordinateurs, les clefs USB ou les disques durs de nouvelles génération.
L'action Toshiba a plongé de 12,28% mardi à la Bourse de Tokyo, après avoir déjà perdu 9,80% lundi, tombant au plus bas depuis près de sept ans. Elle a perdu 56% depuis les premières révélations en avril de malversations financières.
Entre 2008 et 2014, trois PDG de Toshiba et plusieurs de leurs collaborateurs se sont rendus coupables de falsifications qui ont abouti à surévaluer le bénéfice net des exercices concernés de 155,2 milliards de yens (1,1 milliard d'euros).