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Voyager en drone ? pourquoi pas si on réduit le risque à un niveau acceptable

Publié le 06/02/2015 17:11
Mis à jour le 06/02/2015 19:30
Une nouvelle version d'un drone présenté à un salon de la technologie à Las Vegas, le 8 janvier 2015 (Photo Ethan Miller. Getty Images)
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Une nouvelle version d'un drone présenté à un salon de la technologie à Las Vegas, le 8 janvier 2015 (Photo Ethan Miller. Getty Images)

Peut-on imaginer voyager un jour en drone ? Oui, mais l'acceptation du risque d'accident constitue le principal frein à l'essor de ces engins, qui, à l'instar de l'aviation, devront s'en affranchir grâce aux progrès technologiques.

"Si vous ne voulez aucun accident, vous n'aurez aucun drone", explique Claude Le Tallec, chercheur à l'Onéra, le centre français de recherche aéronautique et spatiale. "En revanche, si vous considérez qu'il va y en avoir, il faut que vous définissiez ce taux acceptable d'accident", poursuit ce spécialiste des drones.

Le taux acceptable reflète le bénéfice tiré de l'exploitation des drones, le "service rendu", au regard du risque engendré.

Pour l'heure, les drones sont cantonnés au secteur militaire, et dans le civil, ils servent pour des applications comme la capture d'images aériennes - notamment pour les télévisions ou l'agriculture - soit quelque 90% du marché.

Le grand public les connaît au travers des drones de loisirs de firmes comme Parrot, dont les ventes ont récemment explosé.

Le secteur commercial reste lui balbutiant, après avoir éclos ces deux dernières années au service de l'agriculture de précision ou pour la surveillance des grands réseaux électriques et ferroviaires.

"Le marché du drone est en train de passer de l'échelle expérimentale à l'échelle industrielle", explique Emmanuel de Maistre, le PDG de RedBird, une des principales start-up françaises du secteur.

- Le marché n'est pas mûr -

"La France a été l'un des premiers pays à règlementer et autoriser les vols de drones civils en 2012", poursuit-il, en soulignant que "cette nouvelle règlementation a ouvert un nouveau marché".

Selon une étude du cabinet Xerfi (avril 2014), "le chiffre d'affaires des constructeurs et exploitants français de drones atteindra environ 300 millions d'euros en 2015, soit une croissance de près de 70% par an entre 2013 et 2015".

Pour aller plus loin, il faudra développer les technologies réduisant le risque lié à l'usage des drones, reprend Claude Le Tallec.

"Le marché n'est pas encore mûr", estime-t-il, car "la technologie n'est pas suffisamment mature, mais le cadre social (et le taux d'acceptation, ndlr) ne l'est pas encore non plus".

En France, deux arrêtés de la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) permettent le "libre vol en-dessous de 150 mètres en dehors des zones peuplées et aéroportuaires", rappelle le cabinet d'avocats spécialisé Jones Day, ce qui signifie que la réglementation favorise leur usage à condition qu'ils n'engendrent pas de danger pour la population.

"Les risques potentiels sont évidents", explique dans un rapport Josef Schweighart, responsable aviation chez l'assureur Allianz, "à savoir une collision ou des dommages à des tiers".

"L'une des préoccupations des assureurs est le manque de données concernant l'exploitation et les pertes" de drones, poursuit-il en estimant que ces derniers "ne volent pas actuellement dans l'espace aérien au rythme où ils le feront dans un proche avenir".

- Le taux acceptable d'accident -

Pour améliorer la fiabilité des drones, les recherches portent sur la liaison entre le pilote et le drone, notamment le temps de latence entre le sol et l'appareil, et les systèmes de détection et d'évitement des obstacles et d'avions.

Pourtant, il n’existe pas de risque zéro et malgré les progrès, on ne pourra pas éviter les accidents.

Un siècle après sa naissance, l'aviation commerciale a atteint un très haut niveau de sécurité - l'avion est de loin le moyen de transport le plus sûr - sans avoir éliminé les accidents.

"Si vous considérez qu'il va y en avoir, il faut que vous définissiez ce taux acceptable d'accident, que ce soit par jour, par heure de vol...", détaille Claude Le Tallec.

Un peu comme pour l'automobile, dont le taux d'accident, nettement plus élevé que dans l'aviation, est accepté en raison du "service rendu".

A titre d'exemple, il cite la décision des autorités aériennes américaines de recourir à un drone de conception militaire pour aider les pompiers à contenir d'importants feux de forêt aux Etats-Unis en 2005.

"Le drone posait un risque mais sa présence a permis d'en réduire un autre" plus important.

A l'opposé, l'usage d'un drone pour la couverture d'un événement sportif engendre un risque trop important au regard de son bénéfice sociétal.

"Définir le niveau de sécurité des drones que l'on veut atteindre est un objectif social", martèle Claude Le Tallec, en soulignant qu'une fois l'objectif déterminé, "vous pouvez essayer de trouver des technologies qui permettront de l'atteindre".

Avec comme corollaire que "plus le niveau de sécurité est élevé, plus les technologies sont sophistiquées et plus cela va coûter cher".

"Nous allons donc assister à une montée en puissance vraisemblablement lente" des drones, selon cet expert, avec des survols de lieux faiblement peuplés, "pour arriver dans je ne sais combien de mois, voire d'années, à survoler les villes avec une densité de population élevée".

- Voyager en drone? -

Dans ces conditions, peut-on imaginer un jour de voyager en drone?

Oui, répond le chercheur, mais à un horizon lointain et à condition d'atteindre un niveau de sécurité au moins équivalent, voire supérieur, à celui de l'aviation civile.

Selon l'Association internationale du transport aérien (IATA), celui-ci était en 2013 d’un accident pour 2,4 millions de vols.

"Un accident sera dramatique pour tout le monde", souligne le chercheur. "En revanche, si les courbes d'accidents se croisent, c'est-à-dire si les véhicules aériens pilotés à bord se montrent plus dangereux ou ont plus d'accidents que les véhicules aériens pilotés depuis le sol, nous aurons du mal à persuader qu'il reste préférable de mettre un pilote à bord".

"Le maître mot est celui de la +sécurité perçue+", relève-t-il.

D'autant que les nouvelles générations grandiront avec les drones et pourraient donc s'y montrer plus ouvertes.

Il avance le scénario d'une famille prenant sa voiture sans chauffeur pour se rendre sur un petit aérodrome de proximité. Là, elle prend place à bord d'un drone pour un voyage de courte distance.

A proximité, un aéroport de plus grande taille voit des avions de lignes sans pilote, là encore des drones, décoller pour des voyages à plus longue distance. Le tout est géré par des pilotes au sol chargés de superviser plusieurs drones à la fois, un peu comme le font les contrôleurs aériens actuellement.

"Si la sécurité est meilleure avec ce genre de processus, il y a pas de raison de s'en priver", estime Claude le Tallec.

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