PARIS (Reuters) - Alain Juppé, favori de la droite pour l'élection présidentielle de 2017, se dit "extrêmement sceptique" sur la capacité de François Hollande à affronter les conséquences du Brexit au motif que la France n'est aujourd'hui "une référence pour personne" au sein de l'Union européenne.
Dans un entretien publié lundi dans Le Monde, l'ancien Premier ministre estime que la France "a perdu tout crédit, vis-à-vis de l'Allemagne et de ses partenaires".
Après le choix du "Leave" par référendum au Royaume-Uni - la sortie du pays de l'Union européenne -, François Hollande est attendu lundi en fin de journée à Berlin pour y retrouver la chancelière allemande, Angela Merkel et le chef du gouvernement italien, Matteo Renzi, à la veille du Conseil européen.
Le chef de l'Etat plaidera pour "agir vite et fort", a déclaré le ministre des Finances Michel Sapin.
Alain Juppé veut également que "le retrait soit rapide", mais il se dit "extrêmement sceptique sur (l)a capacité" de François Hollande "à assumer sa responsabilité historique."
"Il incombe à la France, parce qu’elle a un rôle particulier à jouer, de proposer une alternative, une nouvelle organisation de l’Europe, un nouveau chapitre de l’Histoire européenne. Mais elle n’a pas aujourd’hui le poids politique pour le faire. La France est totalement aphone à Bruxelles, elle a perdu tout crédit, vis-à-vis de l’Allemagne et de ses partenaires", déclare le maire de Bordeaux.
"La France de François Hollande n’est une référence pour personne. Au Parlement européen, nous ne pesons plus, et dans les instances communautaires et les services de la Commission de Bruxelles, nous n’avons plus les postes clés que nous occupions par le passé", juge-t-il.
"Les Britanniques ne peuvent pas continuer avec à la fois un pied dehors et un pied dedans. Nous devons réinventer nos relations avec ce partenaire important, notamment sur le plan militaire, mais pas à notre détriment. Un délai est fixé par les traités, il faut déclencher la procédure et la mettre en œuvre le plus vite possible", souligne Alain Juppé.
(Sophie Louet, édité par Yves Clarisse)