OUAGADOUGOU (Reuters) - Des milliers de manifestants hostiles au maintien au pouvoir du président burkinabé Blaise Compaoré sont entrés de force jeudi matin dans l'enceinte de l'Assemblée nationale où les députés devaient se pencher sur une révision de la constitution, rapportent des journalistes de Reuters.
Un incendie a été allumé. La police, qui avait établi un cordon de sécurité autour du bâtiment et a tiré en l'air pour tenter de les disperser, a finalement plié sous la pression et a dû se retirer.
"Ils ont pris d'assaut le bâtiment, ils sont à l'intérieur et ils cassent tout. La police s'est enfuie", a dit un témoin joint par téléphone.
Ils ont également mis à sac le siège de la télévision publique, qui a cessé d'émettre. Comme devant le Parlement, les forces de l'ordre ont tenté de les repousser mais ont dû se replier.
La foule s'est également dirigée vers les bureaux du Premier ministre. Un hélicoptère des forces gouvernementales a survolé les manifestants, les aspergeant de gaz lacrymogènes.
Depuis le début de la semaine, Ouagadougou, la capitale, est le théâtre de manifestations contre la réforme de la constitution qui permettrait à Compaoré, au pouvoir depuis un coup d'Etat en 1987, de briguer un nouveau mandat fin 2015.
Les députés étaient censés voter sur ce texte jeudi mais la plupart d'entre eux n'avaient pas encore gagné l'Assemblée lorsque les manifestants sont arrivés.
"Nous avons agi ainsi parce que Blaise a tenté de se maintenir au pouvoir trop longtemps. Nous sommes fatigués de lui", a déclaré Seydou Kabré, un des manifestants. "Nous voulons le changement, il doit partir!"
(Mathieu Bonkoungou et Joe Penney; Henri-Pierre André pour le service français)