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Les régionales, diagnostic post-attentats sous l'emprise du FN

Publié le 05/12/2015 14:37
Mis à jour le 05/12/2015 14:40
© Reuters. LES FRANÇAIS APPELÉS À VOTER DANS UN CLIMAT D'INCERTITUDES
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par Sophie Louet

PARIS (Reuters) - Trois semaines après les attentats de Paris, les Français sont appelés dimanche à voter au premier tour des élections régionales dans un climat d'angoisse et d'incertitudes dont le Front national pourrait tirer un profit déterminant pour 2017.

C'est un scrutin intermédiaire sans précédent en France qui se déroulera les 6 et 13 décembre, en plein état d'urgence, dans 13 régions métropolitaines nées de la fusion des 22 anciennes en vertu d'une loi controversée datant de janvier 2015.

Des compétences des exécutifs régionaux, comme les transports et les lycées, que reste-t-il aujourd'hui dans le débat ? Peu ou pas de trace tant cette campagne-éclair, suspendue à la suite des attaques du 13 novembre, a pris un tour national inédit, dominée par les questions sécuritaires.

Une répétition générale avant l'élection présidentielle de 2017 qui bouscule les partis traditionnels et propulse à l'avant-scène une extrême droite en plein essor, favorisée qui est plus est par le mode de scrutin.

De "l'effet attentats", les sondeurs anticipent une possible conséquence "sismique" pour le paysage politique français: une poussée du vote FN au premier tour avec une forte probabilité de victoire au second en Nord-Pas-de-Calais-Picardie, où concourt la présidente du FN Marine Le Pen, et en Provence-Alpes-Côte d'Azur, où se présente sa nièce Marion Maréchal-Le Pen.

"Cet électorat est galvanisé et très en colère et a très envie d'en découdre contre toute une série d''ennemis', tout converge pour que le FN obtienne un score sans précédent", souligne Jérôme Fourquet (Ifop).

Marine Le Pen a estimé jeudi sur Europe 1 que son parti était en situation de pouvoir gagner "quatre ou cinq régions".

UNE "RIPOSTE" DANS LES URNES?

Selon une enquête Ipsos-Sopra Steria pour le Cevipof et Le Monde, réalisée par internet du 20 au 29 novembre auprès de 23.061 personnes, le FN est en tête des intentions de vote au premier tour dans six régions.

"Après les attentats contre Charlie Hebdo et l'Hyper Cacher, le plafond pour le FN, autour de 25%, est devenu plancher. Un nouveau seuil est en train d'être franchi, des étages supplémentaires se sont ajoutés à la faveur de la crise des migrants et des attentats", explique Jérôme Fourquet.

Mais tous les sondeurs insistent sur la difficulté de prédire les résultats du second tour dans ce type de scrutin.

Les analystes évoquent en effet une autre incidence post-attentats : "un sursaut de participation", selon les termes du politologue Pascal Perrineau, une forme de riposte dans les urnes des Français, enclins en temps normal à l'abstention.

"Une certaine maturité s'exprime dans les moments difficiles, donc ça peut créer une bonne surprise dimanche soir", estime Juliette Méadel, porte-parole du Parti socialiste.

A gauche, où l'on se défend d'instrumentaliser les drames, le regain de popularité de François Hollande, l'union nationale qui a prévalu bon an mal an après les attentats, ont réévalué les perspectives, plutôt pessimistes avant le 13 novembre.

"Si la gauche limite la casse, ce ne sera pas grâce au bond de popularité de Hollande, ce sera parce que la droite a un très gros caillou dans sa chaussure qui est le FN", relativise Jérôme Fourquet. "Il y aura un petit renforcement du vote utile à gauche mais c'est vraiment à la marge."

La gauche, dans ses calculs les plus contraints, estime pouvoir garder la Bretagne, grâce au ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, le Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées et l'Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes.

LA DROITE PIÉGÉE

A droite, où Nicolas Sarkozy espérait encore il y a peu laver l'humiliation de 2010 pour se lancer en position de force dans la primaire de 2016, le FN, qui est en capacité d'imposer plusieurs triangulaires en reléguant au passage l'ex-UMP, complique aussi singulièrement le scénario.

"Ça va twister grave!", résume le député UDI Maurice Leroy.

Un élu des Républicains estime, sous couvert de l'anonymat, que la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie est "irrécupérable" mais que "ce n'est pas tout à fait foutu" en PACA.

Les sondages donnent l'union de la droite et du centre victorieuse dans au moins cinq régions : Ile-de-France, Centre-Val de Loire, Pays de la Loire, Bourgogne-France-Comté, Alsace-Lorraine-Champagne-Ardenne.

"Il faut être prudent", concède Alain Marleix, député LR du Cantal et tête de liste LR-UDI dans ce département. "Au premier tour, on aura un vote sanction contre la gauche et les partis traditionnels, au deuxième un vote de raison", veut-il croire, alors que le débat sur le "front républicain" oppose de nouveau majorité et opposition.

"Un débat grotesque", pour le député LR des Alpes-Maritimes Eric Ciotti, qui "prend le pari" que le FN, "l'enfant adultérin" de la gauche, "ne gagnera aucune région".

Pressé par Manuel Valls d'être "à la hauteur" du défi de l'extrême droite, Nicolas Sarkozy exclut catégoriquement tous retrait ou fusion des listes au second tour. Une stratégie qui serait selon lui "rendre service" à Marine Le Pen.

Le Premier ministre a assuré que "tout sera (it) fait" pour barrer la route au Front national. Dans le Nord, la question se pose avec acuité. "Le second tour se jouera entre Mme Le Pen et moi. Je suis le seul à pouvoir l'emporter face à elle. C'est aux autres de faire leur choix, pas à moi", a prévenu le candidat de la droite, Xavier Bertrand.

Nicolas Sarkozy, qui "tient ses troupes" selon un cadre de LR, escompte une victoire de Valérie Pécresse en Ile-de-France, première région et bastion imprenable de la gauche depuis 1998, pour gommer du tableau une tonalité possiblement plus mitigée.

Face au virage sécuritaire de François Hollande, qui a repris la plupart des propositions de la droite, cette dernière s'est de fait retrouvée piégée, écartelée plus que jamais entre tentation droitière et modération centriste.

© Reuters. LES FRANÇAIS APPELÉS À VOTER DANS UN CLIMAT D'INCERTITUDES

"Trancher entre la ligne Sarkozy et la ligne Juppé pourrait être une question de survie face au FN. Le second tour nous le dira", estime un cadre LR.

(avec Elizabeth Pineau, Ingrid Melander, Emmanuel Jarry et Emile Picy, édité par Yves Clarisse)

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