par Abdi Sheikh et Feisal Omar
MOGADISCIO (Reuters) - Le président somalien, Mohamed Abdullahi Mohamed, a annoncé lundi avoir suspendu de ses fonctions le Premier ministre, Mohammed Hussein Roble, en raison d'une enquête pour corruption visant ce dernier, une escalade des tensions au sommet du pouvoir en lien avec les ratés du processus électoral.
Le chef de l'État, surnommé Farmajo, a accusé son chef de gouvernement de s'être emparé illégalement de terres appartenant à l'armée et d'avoir entravé une enquête du ministère de la défense. Les autres ministres continuent d'exercer leurs fonctions, a-t-il dit.
Le Premier ministre a déclaré quelques heures plus tard que cette suspension était inconstitutionnelle et qu'elle ne visait qu'à faire échouer le processus électoral en cours. Il a appelé toutes les forces de sécurité de ne prendre des ordres que de lui et non du président.
"Les mesures prises par l'ex-président Mohamed Abdullahi Farmajo sont une tentative de coup d'Etat contre le gouvernement et la constitution nationale", a dit Roble dans un communiqué publié sur la page Facebook (NASDAQ:FB) de l'agence de presse officielle SONNA.
Le président et le Premier ministre somaliens s'étaient déjà mutuellement accusés dimanche d'entraver le processus électoral.
Les résultats complets des élections législatives, qui ont commencé le 1er novembre et devaient connaître leur épilogue samedi, n'ont toujours pas été officialisés.
Le différend entre les deux principaux dirigeants du pays est perçu par de nombreux observateurs comme une menace pour la lutte contre l'insurrection des islamistes d'al-Shabaab.
L'ambassade des Etats-Unis et celle du Royaume-Uni ont appelé lundi les deux camps à la désescalade et à éviter toute violence.
En avril, Mohamed Abdullahi Mohamed avait unilatéralement décidé de prolonger de deux années son propre mandat présidentiel, théoriquement limité à quatre ans. Les factions fidèles à l'un et l'autre dirigeant s'étaient alors emparées de positions dans la capitale.
(Reportage Abdi Sheikh et Feisal Omar; version française Jean Terzian, Jean-Stéphane Brosse et Dina Kartit, édité par Marc Angrand)