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Turquie : L'opposition inflige un lourd revers à Erdogan lors des municipales

Publié le 01/04/2024 11:14
Mis à jour le 01/04/2024 11:15
© Reuters. Les partisans du maire d'Istanbul, Ekrem Imamoglu, célèbrent sa victoire,  à Istambul, en Turquie. /Photo prise le 31 mars 2024/REUTERS/Umit Bektas

par Can Sezer et Burcu Karakas

ISTANBUL (Reuters) - Le parti AKP (Justice et Développement) au pouvoir en Turquie a été puni par les électeurs dimanche lors d'élections municipales qui ont réaffirmé le poids de l'opposition et confirmé le statut d'Ekrem Imamoglu, donné de nouveau victorieux à Istanbul, comme futur grand rival du président Recep Tayyip Erdogan.

Ce plus lourd revers électoral pour Recep Tayyip Erdogan et l'AKP depuis plus de vingt ans pourrait être annonciateur de changements dans le paysage politique turc, très divisé, alors que le chef de l'Etat a qualifié les résultats de "tournant".

D'après des analystes, l'AKP, dont les résultats sont inférieurs aux sondages, paie la flambée de l'inflation, le mécontentement des électeurs islamistes et, à Istanbul, l'attractivité d'Ekrem Imamoglu au-delà de la base électorale laïque du Parti républicain du Peuple (CHP) dont il est issu.

"Ceux qui n'entendent pas le message de la nation finissent par perdre", a déclaré Ekrem Imamoglu, 53 ans, devant des milliers de partisans en liesse dimanche en fin de soirée, alors que certains dans la foule appelaient à la démission d'Erdogan.

"Ce soir, 16 millions de Stambouliotes ont envoyé un message à la fois à nos rivaux et au président", a ajouté l'ancien homme d'affaires, reconverti en politique en 2008, que les analystes considèrent désormais comme un vraisemblable candidat majeur à la présidence du pays.

Recep Tayyip Erdogan, qui fut dans les années 1990 maire de sa ville natale Istanbul, s'est beaucoup impliqué dans la campagne électorale, alors que le scrutin était perçu comme un révélateur à la fois de sa cote de popularité et de la résistance de l'opposition.

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"Nous n'avons pas obtenu les résultats espérés", a admis le chef de l'Etat, dont l'AKP ambitionnait de récupérer le contrôle d'Istanbul et d'Ankara, municipalités perdues en 2019.

S'exprimant devant des partisans au siège de l'AKP, à Ankara, il a déclaré que le scrutin ne constituait "pas une fin mais un tournant" pour le parti au pouvoir qui, a-t-il ajouté, va en tirer des leçons et "réparer" ses éventuels faux-pas.

Un peu plus tôt dans la soirée, des milliers de partisans du CHP s'étaient rassemblés en d'autres points de la capitale, agitant des drapeaux turcs et du parti de l'opposition, pour un discours de Mansour Yavas, le maire sortant réélu.

Après dépouillement de plus de 92% des bulletins de vote à Istanbul, plus grande ville d'Europe et moteur économique de la Turquie, Ekrem Imamoglu était crédité de 50,92% des suffrages contre 40,05% pour le candidat de l'AKP, Mourat Kouroum, ancien ministre de Recep Tayyip Erdogan.

LE CHP DONNÉ EN TÊTE À L'ÉCHELLE NATIONALE

Si les enquêtes d'opinion laissaient entrevoir des résultats serrés à Istanbul et de possibles défaites du CHP à travers le pays, les résultats partiels rapportés par l'agence de presse officielle Anatolie montrent que le CHP est en tête à l'échelle nationale, avec presque un point de pourcentage d'avance, du jamais-vu depuis 35 ans.

Ces résultats indiquent également que l'AKP et son principal allié, le Parti d'action nationaliste (MHP), ont perdu des sièges municipaux dans 19 grandes villes, notamment dans le nord-ouest industrialisé.

Il s'agit de "la plus sévère défaite électorale" de Recep Tayyip Erdogan depuis que celui-ci est arrivé au pouvoir en 2002, a commenté Mert Arslanalp, professeur adjoint en science politique à l'université Bogazici à Istanbul.

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Ekrem Imamoglu a "démontré qu'il pouvait convaincre au-delà des profondes divisions socio-politiques qui définissent l'électorat de l'opposition turque, même en l'absence de soutien institutionnel", a-t-il ajouté, alors que l'alliance de l'opposition battue à l'élection présidentielle l'an dernier s'est effondrée depuis lors. "Cela fait de lui le plus grand rival politique du régime d'Erdogan au niveau national".

En 2019, Ekrem Imamoglu avait déjà infligé un cuisant revers électoral à Recep Tayyip Erdogan en s'imposant à Istanbul, alors bastion de l'AKP et de ses prédécesseurs islamistes depuis 25 ans. Le CHP avait aussi pris le contrôle d'Ankara au détriment du parti au pouvoir.

Recep Tayyip Erdogan a toutefois remporté l'an dernier un nouveau mandat à la présidence turque et a conservé une majorité parlementaire avec ses alliés nationalistes, en dépit d'une crise du pouvoir d'achat depuis des années dans le pays.

Les analystes ont estimé que les difficultés économiques - l'inflation a atteint près de 70% et la croissance a ralenti du fait d'une politique monétaire ultra-resserrée - ont incité les électeurs à punir l'AKP cette fois-ci.

Une partie des électeurs traditionnels de l'AKP s'est aussi tournée vers le Nouveau Parti de la Prospérité (YRP), qui a adopté une position encore plus dure que celle de Recep Tayyip Erdogan à l'égard d'Israël pour la guerre dans la bande de Gaza.

Le principal parti pro-kurde, DEM, qui avait soutenu Ekrem Imamoglu en 2019, a présenté son propre candidat à Istanbul, sans succès, les résultats semblant indiquer que de nombreux Kurdes ont de nouveau voté pour le maire sortant.

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Dans le sud-est du pays, à majorité kurde, le DEM a confirmé son poids, remportant dix provinces selon les résultats partiels.

Plusieurs incidents se sont produits dans la journée de dimanche, dont des affrontements armés dans le sud-est ayant fait un mort et 11 blessés.

(Reportage Can Sezer et Burcu Karakas, avec Daren Butler, Ali Kucukgocmen et Bulent Usta à Istanbul, Ece Toksabay, Tuvan Gumrukcu et Huseyin Hayatsever à Ankara; version française Jean Terzian)

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