Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Difficile de faire pire qu’Elior (PA:ELIOR) (FR0011950732) en ce moment. Le groupe est dans une spirale infernale de mauvaises nouvelles et a bien du mal à s’en sortir. Tout a commencé le 26 juillet dernier quand son patron emblématique, Philippe Salle, a décidé de quitter le groupe pour rejoindre la foncière Foncia. Ce départ a été très mal perçu par les investisseurs : « Philippe est arrivé en janvier 2015 alors que l’action valait 14€ ; elle est montée à 26,06€ cette année. C’est un super manager et un vrai stratège », me confiait un gérant que j’ai croisé sur le plateau de BFM Business.
Ensuite, le spécialiste de la restauration collective vient d’annoncer un profit warning : sa marge opérationnelle ne sera pas à 8,8% mais de seulement de 8,3 sur l’exercice, qui a été clos pour Elior en septembre dernier. De même, le résultat net par action va stagner. Les raisons de cette baisse de la rentabilité sont légitimes – coûts élevés de démarrage pour de nouveaux contrats comme avec le ministère de la Défense en Italie, ouragan Irma qui a pénalisé l’activité depuis fin août…. Mais avouez que cela fait désordre alors que le nouveau patron d’Elior, Philippe Guillemot (ex-Europcar et Alcatel-Lucent (PA:ALUA)) vient d’être nommé. L’action perd plus de 25% en deux séances et revient sur son plus-bas de un an.
▶ La sanction est-elle trop sévère ?
Les résultats annuels seront publiés le 6 décembre prochain, alors peut-être n’était-ce pas vraiment la peine pour le marché de sanctionner le titre. Cela dit, le titre était assez cher avec un PER de 19 et est désormais revenu sur une valorisation plus raisonnable. Je pense qu’à ce niveau, les résultats annuels vont passer simplement, et que le titre sera sur une valorisation saine pour rebondir.
Mais plus largement, je pense que c’est le secteur de la restauration collective tout entier qui s’assombrit et va être sous pression ces prochains mois. Sodexo (PA:EXHO) (FR0000121220), qui est au CAC40, a publié la semaine dernière une croissance organique de 1,6% sur 2016-17 et une marge opérationnelle passée de 6% à 6,4%. Pas mal donc ! Sauf que les prévisions sont très conservatrices sur 2017-18 : le groupe attend une croissance organique entre 2% et 4% pour une marge de 6,5%. Cela ne suffit pas à attirer des investisseurs, déçus par le dernier profit warning de juillet dernier qu’ils n’ont pas digéré. Et le titre reste encore cher, à 18 fois ses bénéfices. Alors certes, l’action se paye historiquement sur des multiples de 20… mais à condition qu’il y ait de belles perspectives de croissance, ce qui n’est pas le cas actuellement.
▶ Mauvaise période pour la restauration collective
Même la stratégie de croissance externe a du mal à intéresser les investisseurs : la récente acquisition de l’Américain Centerplate, spécialiste de restauration pour les événements sportifs aux Etats-Unis, n’a provoqué aucune réaction particulière dans les salles de marché. Elle est pourtant censée permettre au groupe de doubler sa part de marché sur cette branche !
Mauvaise période donc pour les acteurs de la restauration collective… Dans mon service La lettre PEA, d’ailleurs, j’ai revendu assez vite Sodexo et je me concentre, depuis la fin de l’été sur des thématique beaucoup plus porteuses de croissance future et ambitieuse : la « nouvelle révolution industrielle » de nos usines (les Usines 4.0) et la cybersécurité. Nous avons déjà 4 valeurs positionnées sur ces secteurs en portefeuille, et je vais continuer de l’étoffer dans ce sens pendant encore quelques mois. Si vous voulez nous rejoindre et en profiter, c’est par ici.