A une semaine de la date théorique du Brexit, les investisseurs restent nerveux et continuent d’exiger une rémunération conséquente pour se positionner à l’achat sur les emprunts Jaguar Land Rover.
On le sait, l’incertitude n’est jamais bonne conseillère et la cacophonie entourant l’issue du Brexit n’est certainement pas de nature à faire baisser la pression des marchés sur le plus grand des constructeurs britanniques.
Rappelons qu’au-delà des risques intrinsèques liés au Brexit, la filiale de l’indien Tata Motors est en proie à de multiples difficultés.
Lui qui commercialise des marques synonymes de grosses cylindrées, avec un catalogue constitué pour près de 90% de moteurs diesels, Jaguar Land Rover fait en effet les frais, plus que d’autres, d’un secteur automobile en pleine mutation, transition énergétique oblige.
En outre et au même titre que ses pairs cette fois, le constructeur doit compter avec la faiblesse du marché chinois, où les ventes de voitures ont chuté au dernier trimestre 2018.
Les derniers résultats publiés par le constructeur ont notamment fait état de peu d’engouement pour la nouvelle mouture de sa Discovery, d’une demande pour ses berlines Jaguar beaucoup plus faible que prévu, tandis que plusieurs des modèles Range Rover se feraient manifestement concurrence.
Naturellement, une sortie sans accord du Royaume-Uni de l’Union européenne viendrait encore noircir un petit peu plus le tableau.
Ralf Speth, patron du groupe, l’a assez répété ces derniers mois, avertissant que l’industrie automobile britannique serait contrainte de procéder à d’importantes dépréciations dans cette éventualité. Une facture qui dépasserait selon Ralf Speth le milliard de livres par an pour sa société.
Dans ce contexte incertain et globalement de passe difficile pour l’industrie automobile, le groupe a pris les devants ces derniers mois. Il a notamment annoncé en janvier dernier la suppression de 4.500 emplois, soit plus de 10% de ses effectifs. Le constructeur prévoit en outre de réorganiser sa gamme de modèles afin d'économiser 2,5 milliards de livres de coûts et de permettre un retour à la rentabilité.
Les rendements obligataires au-dessus des 6%
Sur le marché secondaire, les rendements affichés par les différents emprunts du groupe restent pour le moins élevés, bien qu’ils aient quelque peu baissé en regard des plus hauts observés il y a quelques semaines.
A titre d’exemple, l’obligation en euro que doit rembourser le constructeur dans sept ans se traite désormais à un cours indicatif de 85% du nominal, contre un plus bas de 76% à la mi-février. Partant, le rendement annuel se voit ramené de 9,40 à 7,30%.
Sur le segment des emprunts en dollar, Jaguar Land Rover Automotive Plc est notamment présent au détour d’une obligation qu’il s’engage à rembourser dans huit ans. Le rendement annuel de cette tranche atteint actuellement les 80% du nominal, sur base d’un cours ici aussi largement inférieur au pair.
En ce qui concerne la qualité de crédit du constructeur, Standard & Poor’s accorde aux obligations sous revue un rating spéculatif « BB- ».