Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
La perspective qu’Accor (PA:ACCP) (FR0000120404-AC) entre au capital d’Air France (PA:AIRF) (FR0000031122-AF) en rachetant la participation de 14% de l’Etat a certes une vraie logique industrielle sur laquelle je reviendrai plus tard, mais elle ne plaît absolument pas aux investisseurs.
Depuis cette annonce, le 4 juin dernier, et même si le groupe en est encore au stade des réflexions, l’action du géant hôtelier a en effet perdu près de 10%, ramenant sa capitalisation à 12,6 Mds€, ce qui le relègue à la 35e place du CAC40.
Ce n’est pas l’investissement en lui-même qui préoccupe les investisseurs… Après tout, les 14% détenus par l’Etat dans Air France ne coûteraient que 400 M€ à Accor, qui n’aurait aucune difficulté à financer l’opération.
Dès lors, comment expliquer la réaction des investisseurs ?
▶ L’éventuel rachat de la participation de l’Etat dans Air France sème le trouble
Accor annonce en fait depuis de longs mois qu’une nouvelle stratégie est mise en place avec la cession majoritaire de son pôle immobilier… En avril dernier, les actionnaires du groupe hôtelier ont approuvé la vente de 55% du capital d’AccorInvest pour 4,4 Mds€ à un consortium d’investisseurs comprenant notamment des fonds souverains saoudiens ou encore singapouriens.
Cette cession, inspirée du modèle anglo-saxon, vise à réduire les immobilisations de capitaux afin d’accroître la rentabilité de l’entreprise. En plus, tout l’argent libéré pourra être investi dans des acquisitions ciblées, ou dans du développement.
Sont ainsi déjà tombées dans l’escarcelle du groupe la conciergerie de luxe John Paul et la plate-forme de location de villas et appartements de particuliers Onefinestay.
Du coup, les investisseurs ont du mal à comprendre pourquoi le groupe hôtelier aspire à une nouvelle fois changer de cap en acquérant une participation dans Air France.
De cette opération découleraient certes des synergies entre les deux groupes : on imagine aisément des offres packagées 100% françaises, de nouvelles initiatives dans l’e-commerce, mais ces perspectives ne rassurent pas les investisseurs.
Le monde de l’hôtellerie est si concurrentiel (Airbnb a vraiment changé le secteur de l’hôtellerie) que les gérants recherchent des pure players.
Pour couronner le tout, Air France pâtit d’une très mauvaise image, sur fond de tensions salariales permanentes et de services nettement inférieurs à ceux que proposent ses concurrentes asiatiques.
Donc, sachant cela : que faire sur Accor ?
Alors que le titre perd plus de 11% depuis son « top » de fin mai, Accor me semble aujourd’hui correctement valorisé avec un PER de 25 et un VE/CA de 4… Donc pour moi, je laisse de côté ce dossier et j’attends que les choses se calment.