J'ai acheté du Altria l'été dernier, voulant profiter d'une chute du cours suite à des mauvaises nouvelles. Je me suis dit à ce moment que c'était forcément une bonne opportunité... après tout, ce n'est quand même pas n'importe quoi, c'est Philip Morris! Ce faisant j'ai oublié de faire mes devoirs, je n'ai pas analysé en détail la société, j'en ai pris une louche sans trop réfléchir. Et l'action, après une brève remontée à fin 2017, a repris le chemin du sous-sol.
Incroyable, avec bientôt vingt années d'expérience, j'arrive encore à me faire piéger comme à mes débuts, et pour les mêmes raisons :
- faire trop confiance aux valeurs de prestige
- essayer d'attraper un couteau qui tombe
J'ai fait ces deux erreurs maintes fois à mes débuts, notamment avec Swissair et General Electric (NYSE:GE).
Comment ai-je pu oublier qu'on ne doit jamais faire confiance aveuglément à une société, aussi belle soit-elle?
Si j'avais pris ne serait-ce que quelques minutes pour analyser Altria, j'aurais constaté que beaucoup de warnings étaient au rouge vif:
- prix intéressant par rapport aux bénéfices, mais pas du tout par rapport à la valeur comptable, au FCF et aux ventes
- ratio de distribution correct par rapport aux bénéfices, mais dangereux par rapport au FCF
- liquidités misérables
Alors, certes, c'est une franchise, les marges et la rentabilité sont excellentes, les frais généraux et les dépenses en capital minimes. Le goodwill augmente et la dette baisse. Oui, ce n'est pas demain la veille que cette entreprise va faire faillite. A long terme, c'est assurément un bon investissement, même si les réglementations anti-tabac deviennent de plus en plus dures.
N'empêche. J'ai acheté trop cher par rapport à ce que ça vaut. Je n'ai pas assez analysé le titre et je n'ai pas pris de marge de sécurité. J'ai foncé comme un gamin sur un titre en train de plonger. Tout ça parce que j'ai écouté mon cœur, plutôt que ma raison.
Je suis forcément déçu de cette erreur qui était évitable en prenant juste un peu de recul. D'un autre côté, je me dis aussi qu'il est peut-être nécessaire de temps à autres de recevoir des petites piqûres de rappel de ce type pour se remettre sur le droit chemin. L'important, bien sûr, c'est que ça n'arrive pas trop souvent...
Bref, je viens de m'en séparer, à pertes. Je redoute en effet que la traversée du désert soit encore assez longue pour Altria.