Nous y sommes. Pour la première fois et de manière assez explicite, la Fed a évoqué hier soir au travers de ses « minutes » (compte-rendu de la dernière réunion de politique monétaire du FOMC, son organe décisionnel) la possibilité d’une première hausse des taux en 2016. En évoquant ce que les opérateurs souhaitaient globalement entendre, à savoir un probable statu quo en 2015, la banque centrale américaine a provoqué la poursuite du mouvement haussier sur lequel nous travaillons depuis le début de semaine et ce, sur la plupart des indices occidentaux. Pour autant, les récents acquis restent globalement fragiles et la séance débute déjà sur l‘ensemble des actifs au travers d’une volatilité renforcée. Décryptage.
2016 ?
Le marché avait déjà fortement pricé cette attente, depuis le début de semaine (voir nos quatre précédentes analyses matinales). Malgré tout, le FOMC a renforcé cette idée selon laquelle le contexte mondial, et l’économie américaine en tant que telle, ne plaident pas en faveur du premier relèvement des taux depuis décembre 2008. Bloomberg évoque ce matin la probabilité d’une hausse en décembre prochain (notre préférence jusqu’à présent) fixée à 37,4% par les contrats Futures sur Fed Funds. Les Echos complétant ce matin le propos en évoquant une précédente probabilité de 38,8%, admise hier. Témoignage direct des conséquences des « minutes » diffusées hier soir. D’un point de vue technique, nous surveillerons sur l’indice allemand un confluent très symbolique aujourd’hui : les 10 000 points. Sur le Gold, les 50% de Retracement de Fibonacci (évoqués lors de nos dernières séances) à 1 154$ l’once représentent clairement un objectif de plus en plus renforcé depuis le début de la semaine, et en partie grâce au FOMC. Niveau atteint ce matin, et donc qu’il faudra surveiller pour la poursuite du mouvement.
Pour la parité-reine, là aussi nous renforcerons notre attente sur le confluent de moyen terme à 1,1300. L’ensemble des matières premières semblent, au-delà du FOMC, soutenues clairement par la probabilité d’une réduction des quotas de production pétrolière de l’OPEP. Concernant ce sujet, nous vous invitons une fois n’est pas coutume à lire l’article suivant sur lequel nous avons travaillé avec Le Figaro. Au-delà de notre méfiance habituelle face à la volatilité extrême des marchés financiers, un évènement majeur se tiendra ce week-end et il conviendra d’être autant que possible liquide en fin de séance. Le FMI tiendra avec la Banque mondiale sa réunion annuelle, au Pérou. Cette réunion sera pour le Fonds l’occasion de revenir sur l’abaissement de ses prévisions de croissance globale pour 2015 et 2016, que nous évoquions cette semaine.
Mais surtout, les deux institutions devraient plaider en faveur de nouvelles mesures monétaires auprès des banques centrales de sorte à … comme toujours … soutenir la croissance et l’inflation. Surtout au sein des pays développés. La rengaine habituelle sera donc de mise, et soutiendra la possibilité d’une action commune des trois grandes banques centrales mondiales à la fin du mois (Fed, BCE et BoJ). Au travers d’un statu quo de la Fed (acquis, semble-t-il), d’une extension de la durée du Quantitative Easing européen (soutenue par les attentes de Goldman et de Barclays (LONDON:BARC)) et de nouvelles mesures monétaires au Japon. S’il est évident que ces politiques ne changeront clairement pas la situation actuelle, elles ont au moins le mérite d’induire un biais intuitif et haussier sur les indices. Mais pour l’heure la perte record affichée par le mastodonte Deutsche Bank (6,2 milliards d’euros pour le seul troisième trimestre 2015) refroidit très partiellement les ardeurs des Bulls sur le DAX : prudence dans ce bras de fer qui se joue, entre politiques monétaires et pertes nettes de ce poids lourd.