Entre les rendements croissants de la France et le ratio dette-PIB UK colossal, l'Europe éprouve des difficultés à se financer. Pendant ce temps, le patron de la BNS tire sa révérence avec une dernière baisse de taux et la Chine dévoile son plan de relance massif.
L'annonce du nouveau gouvernement français dirigé par le Premier ministre Michel Barnier n'a pas réussi à inspirer confiance aux marchés financiers. Pour la première fois depuis 2007, les rendements de la France sur le taux à 10 ans ont dépassé ceux de l'Espagne.
Source : HolgerZ, Bloomberg
Projections catastrophiques pour la dette britannique
Pour la première fois depuis 1961, la dette publique du Royaume-Uni a atteint 100 % du PIB. Comme l'illustre un graphique de la Deutsche Bank (ETR:DBKGn), il s'agit du troisième super cycle d'endettement depuis 1700. L'Office for Budget Responsibility (OBR) prévoit que la dette (en % du PIB) pourrait atteindre 274 % d'ici 2073-74.
Les deux cycles précédents étaient principalement dus à des guerres, tandis que celui-ci résulte simplement d'une augmentation des dépenses publiques qui dépasse la capacité ou la volonté du gouvernement de lever les impôts nécessaires.
Source : HolgerZ, DB
Une dernière baisse de taux pour Tony Jordan
M. Jordan fait ses adieux avec une dernière baisse de taux. La BNS a abaissé son taux directeur de 25 points de base à 1,00 %. Depuis la réunion de juin de la BNS, deux développements ont conduit la banque centrale à opter pour un assouplissement supplémentaire de la politique monétaire :
- L'inflation a continué à ralentir tout au long de l'été et s'est avérée inférieure aux estimations de la BNS.
- Parallèlement, le franc suisse s'est renforcé par rapport au dollar américain et à l'euro, revenant aux niveaux de la fin de l'année 2023 et s'approchant de ses records.
Cette combinaison de pressions inflationnistes actuelles plus faibles et de pressions désinflationnistes supplémentaires dues à la force du franc suisse justifiait une nouvelle baisse du taux directeur. Avec cette réduction, la BNS ramène simplement sa politique monétaire au niveau neutre, avec un taux réel proche de 0 %.
En fait, la décision de la BNS est un ajustement de sa politique au ralentissement du taux d'inflation (de 1,4 % à 1,1 %), qui maintient l'orientation monétaire telle qu'elle était en juin. Elle ne peut être considérée comme un véritable "assouplissement de la politique monétaire", comme cela aurait été le cas si la BNS avait réduit son taux de 50 points de base. La résistance de la croissance économique en Suisse jusqu'à présent, ainsi que certaines pressions à la hausse persistantes sur les prix dans le secteur des services, ont peut-être empêché la BNS d'opter pour un signal d'assouplissement clair à ce stade.
Les perspectives pour les taux de la BNS resteront fortement dépendantes de l'évolution de l'inflation et du cours du franc suisse. La BNS a revu ses projections d'inflation à la baisse par rapport au mois de juin : elle s'attend désormais à ce que l'inflation s'établisse autour de 1 % jusqu'à la fin de 2024, avant de ralentir davantage en 2025 avec un taux moyen attendu de 0,6 % (et de 0,7 % pour 2026). Ceci met en évidence le fait que les pressions inflationnistes ont été atténuées dans la Confédération.
Dans ce contexte, la BNS doit veiller à ce que la politique monétaire reste au moins neutre, voire légèrement accommodante si la dynamique de croissance économique reste modérée. Sur la base des prévisions d'inflation, une nouvelle baisse des taux de 25 points de base pourrait être nécessaire pour maintenir le taux réel proche de 0 %.
La faiblesse de la croissance économique dans les économies européennes voisines, le cycle mondial de réduction des taux en cours dans la plupart des économies développées, les incertitudes politiques en Europe et les risques géopolitiques mondiaux pourraient tous ajouter des pressions à la hausse sur le site Swiss franc au cours du mois à venir.
À cet égard, la BNS a réaffirmé qu'elle était prête à intervenir sur le marché des changes en cas de besoin. Si le franc suisse se renforce encore d'ici la fin de l'année, d'autres baisses de taux pourraient suivre en décembre et jusqu'en 2025. Après avoir enfin quitté les taux d'intérêt négatifs, la BNS veut probablement éviter de retomber dans une telle situation.
Source : Banque Syz, SECO, BNS : Banque Syz, SECO, BNS
Les mesures de relance chinoises portent-elles leurs fruits ?
Les autorités chinoises ont récemment dévoilé un vaste plan de relance visant à stabiliser le marché immobilier en difficulté et à soutenir l'économie du pays. L'un des éléments clés de ce plan est la réduction par la Banque populaire de Chine (PBOC) des taux hypothécaires pour les emprunteurs individuels et l'abaissement de 0,50 point de pourcentage du ratio de réserves obligatoires (RRR) pour les banques.
En outre, l'acompte minimum pour l'achat d'une résidence secondaire a été ramené de 25 % à 15 %. D'autres réductions du RRR, potentiellement de 0,25 à 0,5 point de pourcentage, sont envisagées pour la fin de l'année, mais ces ajustements ne s'appliqueront pas aux petites banques. Enfin, le gouvernement a proposé un fonds de stabilisation du marché de 113 milliards de dollars, représentant moins de 1 % de la capitalisation boursière totale de la Chine, afin de soutenir le secteur financier.
Ces mesures ont provoqué une hausse immédiate de 4,3 % de l'indice CSI 300. Mais ces efforts seront-ils suffisants pour faire face à l'éclatement de l'une des plus grosses bulles immobilières ?
Source : Bloomberg : Bloomberg
Le graphique suivant illustre la possibilité que les actions chinoises aient un impact plus important et plus durable que ne le prévoient la plupart des investisseurs : L'intérêt à court terme pour les actions chinoises a atteint un niveau record. Lorsque ces actions commenceront à prendre de la valeur, les vendeurs à découvert seront contraints de couvrir leurs positions, ce qui donnera un nouvel élan à la reprise du marché.
Source : MacroCharts
Pendant ce temps, l'or continue de briller
La semaine dernière, l'or a atteint un nouveau record, avec une augmentation remarquable de 30 % de sa valeur depuis le début de l'année. Il s'agit de la meilleure performance annuelle de l'or depuis le début du siècle. À l'avenir, des tendances telles que la dédollarisation et l'escalade des tensions géopolitiques devraient maintenir la demande d'or à un niveau élevé.
En outre, les pressions budgétaires croissantes aux États-Unis, telles que l'augmentation de la dette publique et des paiements d'intérêts, renforcent le rôle de l'or en tant que protection fiable contre l'inflation. Les inquiétudes du Fonds monétaire international quant à la viabilité des politiques budgétaires américaines renforcent également l'attrait de l'or en tant que valeur refuge.
Sources : ZeroHedge, Bloomberg