Taux italiens et espagnols qui se tendent, euro qui baisse, bourses qui reculent, la crise de la dette des pays périphériques de la zone euro s’est rappelée au bon souvenir des marchés ces derniers jours, cinq ans après en être sortie.
Depuis l’annonce de la formation d’un gouvernement populiste et euro-sceptique en Italie, fermement décidé à tourner le dos à l’austérité, les investisseurs ont revu nettement à la hausse leur exigence de rendement pour souscrire à de la dette transalpine, jusqu'à 2,55% pour le dix ans jeudi passé contre 1,70% en début de mois.
Ce lundi matin, les taux italiens reculaient toutefois sensiblement, autour des 2,36%, alors qu’on se dirigerait déjà vers de nouvelles élections. Giuseppe Conte, qui était appelé à devenit le Premier ministre, a en effet renoncé hier soir à former un gouvernement de coalition.
En cause, le refus affiché par le président de la République Sergio Mattarella à la nomination de l'économiste Paolo Savona à la tête du ministère de l'Economie, en raison de son hostilité envers la monnaie unique et les institutions européennes.
Mattarella a expliqué avoir accepté toutes les nominations sauf celle de ministre de l'Economie, car il souhaitait une personnalité politique n'étant pas partisane d'une ligne qui pourrait provoquer la sortie de l'Italie de la zone euro. Il a souligné à ce titre que "l'appartenance à l'euro est un choix fondamental. Si nous voulons en débattre, il faut le faire de façon sérieuse".
Pour assurer la transition, Mattarella devrait désigner Carlo Cottarelli, incarnation de l'austérité budgétaire, pour diriger le pays jusqu’au scrutin.
L’incertitude gagne l’Espagne
L'incertitude politique gagne également l'Espagne, où le Parti socialiste, première formation d'opposition, a déposé une motion de censure contre le gouvernement de Mariano Rajoy, après la condamnation de son parti conservateur dans un spectaculaire procès pour corruption.
Et alors que le sort du Premier ministre est en jeu, les taux espagnols atteignent désormais 1,46%, en hausse de 25 points de base en glissement mensuel.
On ajoutera que ce regain de tensions sur les dettes italiennes et espagnoles a fait comme victime collatérale la Grèce, dont les taux de financement sur une échéance similaire ont progressé de 70 points de base à 4,50%.
Rappelons que ces niveaux de rendement restent, pour le moment, bien en-dessous de ce que l'on avait pu observer au plus fort de la crise souveraine il y a cinq ans, lorsque les taux italiens fleuretaient avec les 6%.
En outre, si la prime de risque payée par l'Espagne et l'Italie sur les marchés obligataires par rapport à l'Allemagne, pays de référence de la zone euro, s'est fortement creusée, elle reste globalement faibles par rapport aux standards historiques, souligne le Financial Times.