Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
La dernière publication annuelle de Edenred (PA:EDEN), le spécialiste des tickets restaurants et des chèques cadeaux, mériterait d’être étudiée à Dauphine ou à HEC, tant elle est l’exemple même de la publication réussie. Je n’ai trouvé aucun point négatif dans toutes les annonces du mardi 20 février.
Primo, le chiffre d’affaires 2017 progresse de 8,6% en organique, à 1,3 Mds€. Toutes les zones géographiques où le groupe est présent affichent une belle croissance, même en Amérique Latine (41% du chiffre d’affaires) qui dégage une croissance organique de 6,8%. Le Brésil n’inquiète plus, après des années de récession.
Secundo, le résultat opérationnel se paye le luxe de progresser plus vite que le chiffre d’affaires, et porte la marge opérationnelle de 28,3% à 29,1%. Une marge énorme, digne des géants du luxe.
Tertio, la situation financière ne cesse de s’améliorer : la dette nette rapportée à l’Ebitda est retombée à 1,4. La prochaine échéance de remboursement n’est qu’en 2025 et le taux moyen de son endettement est passé en un an de 2,5% à 1,8%.
Enfin, les prévisions sont toujours bonnes : le groupe anticipe une augmentation de sa croissance organique de 7% sur 2018, pour un résultat opérationnel en hausse de l’ordre de 9%.
Alors question : comment la société a-t-elle fait pour afficher de si bons résultats ?
Eh bien, la stratégie de diversification de ses activités qu’elle a mise en place est toujours payante : les solutions de mobilité professionnelle (cartes-carburant, solutions pour les péages, les frais de parking ou encore le lavage) représentent maintenant 25% du chiffre d’affaires du groupe contre 14% il y a deux ans. Le groupe a distribué 2,6 millions de cartes-carburant et solutions de péage l’année dernière ! Et fort heureusement, tout en multipliant et en diversifiant ses offres, Edenred a trouvé un moyen de d’améliorer la rentabilité – alors qu’en général, quand vous vous diversifiez, vous perdez en rentabilité. Et ça, c’est grâce au digital.
Les offres dématérialisées (tickets restaurant sur iPhone par exemple) représentent ainsi 76% du chiffre d’affaires du groupe contre seulement 58% en 2013. Il est indéniable que la montée en puissance du digital réduit les coûts de gestion et améliore de facto la rentabilité. Rien d’étonnant à ce que le titre prenne 6,5% hier, et marque un plus-haut historique à 28,64 €.
Néanmoins, je pense qu’il faut être prudent et c’est le seul bémol que j’apporte à cette belle publication. L’action est très chère aux cours actuels. En effet, elle se paye sur un PER de 26 et sur une VE/EBIT supérieure à 21. Certes, la qualité se paye en Bourse (je l’ai dit notamment dans le cas d’Hermès (PA:HRMS) et d’Eurofins Scientific (PA:EUFI)), et certes, forte de ces bons chiffres, Edenred a augmenté son dividende de 37%, à 0,85 € (rendement de 3% au cours actuel) : de quoi fidéliser les actionnaires…
Mais les arbres ne montent pas jusqu’au ciel. Même en prenant des hypothèses hautes sur 2019 (marge opérationnelle autour de 32%), je tombe sur un PER de 21 et une VE/EBIT de 18. Difficile, oui vraiment difficile, de vous recommander le titre aux cours actuels. Il faut attendre une saine consolidation, susceptible d’amener le titre sur des niveaux inférieurs.