La monnaie unique poursuit son ascension (elle cotait 1,34 dollar le 17/01, au plus haut depuis un an), au point que le président de l’Eurogroupe, Jean-Claude junker, juge désormais son cours « dangereusement élevé ». Un point de vue qui mérite d’être nuancé. L’euro serait effectivement surévalué vis-à-vis du dollar si l’on s’en tient à la relation de parité de pouvoir d’achat, qui le situe aux alentours de 1,20. Mais, en termes effectifs réels, c'est-à-dire contre toutes devises, il est plutôt bas : 10% au dessous de sa moyenne historique selon les calculs de l’OCDE. L’appréciation de l’euro est d’abord liée au recul de l’aversion au risque entourant la dette des pays dits « périphériques » et au retour des investisseurs sur ce segment particulier du marché. L’Italie comme l’Espagne ont récemment pu émettre de la dette à
long terme (15 et 30 ans respectivement), à des taux d’intérêt en nette baisse (4,8% et 5,7% respectivement). Leur prime de risque se réduit, un mouvement qui de facto fait monter l’euro (graphique). Jusqu’où ?
On sait que, depuis le début de la crise, les progrès sur lesquels capitalise la monnaie unique sont en dent de scie. Le risque que l’Italie se retrouve sans majorité claire après les élections de février (avec un Parlement divisé), ou que l’Espagne peine finalement à boucler un très important programme de financement (EUR 120 milliards à lever en 2013) n’est pas écarté. Le rebond récent de l’euro, s’il témoigne d’un mieux incontestable, n’est pas à coup sûr extrapolable.
Jean-Luc PROUTAT