Les déboires du groupe familial Espirito Santo plongent la Banco Espirito Santo (LISBON:BES) (BES), l'une des premières banques cotées du Portugal, dans la tourmente. Tant l'action que les emprunts obligataires n’ont pas été épargnés ces dernières heures.
Rappel des faits: vendredi dernier, on apprenait que les autorités judiciaires luxembourgeoises avaient ouvert une enquête sur trois sociétés holding de la famille Espirito Santo, principal actionnaire de la BES, pour infraction présumée au droit des sociétés.
Les holdings concernées ne sont autres qu' Espirito Santo International (ESI), Espirito Santo Control SA et Espirito Santo Financial Group SA, lesquelles chapeautaient jusqu'il y a peu la BES.
Concrètement, la gouvernance de la BES fait l'objet d'investigations poussées depuis que la Banque du Portugal a découvert que l'on avait vendu à des clients de la BES, des obligations employées au financement des activités d'ESI.
Une mauvaise nouvelle de plus dans l’actualité de la banque, car depuis l’annonce le 20 juin du départ de Ricardo Espirito Santo Salgado, président exécutif de BES depuis 22 ans, les actions de la banque portugaise n’ont cessé de chuter.
L’augmentation de capital d'un milliard d’euros réalisée au mois de juin, qui voyait la famille Espirito Santo perdre le contrôle de la banque, a également renforcé la pression vendeuse sur l’action, qui depuis lors a fondu de près de 40%.
Lundi, elle a chuté de 16,5%, en réaction à l’ouverture de l'enquête des autorités judiciaires luxembourgeoises. Scénario identique mardi, où l’action a démarré en forte baisse avant de rebondir cependant et clôturer la séance sur un gain de 14%. Ce rebond n'est sous doute pas sans lien avec la suspension temporaire de la vente à découvert des titres de la banques, interdite par les autorités boursières portugaises.
Les déclarations de la BES visant à calmer les craintes des investisseurs ont donc visiblement porté leur fruit.
La banque portugaise a expliqué être protégée contre les problèmes concernant les irrégularités découvertes chez Espirito Santo International (ESI), Espirito Santo Control (ESC) et Espirito Santo Group (ESG). L’institution financière a ajouté avoir une exposition cumulée à ces trois holdings de 1,98 milliard d’euros et n’avoir aucune exposition directe sur ESI.
Le consensus estime que les problèmes sont principalement au niveau du groupe, plutôt qu’au niveau de la banque elle-même a déclaré Tom Jenkins, analyste chez Jefferies International cité par Bloomberg. L’unité opérationnelle, la banque, est contaminée par les problèmes au niveau du groupe a-t-il ajouté.
Les obligations également en perte de vitesse
Au même titre que l'action, les emprunts obligataires BES Finance n’ont pas été épargnés, chutant lourdement sur ces trois dernières semaines.
L’obligation perpétuelle subordonnée BES Finance Ltd se reprennait quelque peu ce matin, affichant un prix indicatif de 90% du nominal. Le 26 juin dernier, le cours était encore proche des 95%.
La coupure minimale s'élève à 1.000 euros face à une taille totale émise de 600 millions d’euros. Notons que depuis ce mercredi 2 juillet, le coupon de l'obligation est devenu variable, déterminé sur base du taux Euribor à trois mois augmenté de 2,65%. Notons que l'émetteur peut rembourser cet emprunt lors de chaque versement trimestriel des intérêts, à 100% du nominal.
Portugal Télécom contaminé
Par effet de contagion, les obligations Portugal Telecom (NYSE:PT) ont elle aussi été malmenées ces dernières heures, mais dans une moindre mesure. L’opérateur télécom portugais détient des participations croisées avec BES. Il a reconnu en outre avoir acheté du papier commercial (échéant mi-juillet) à hauteur de 900 millions d’euros émis par RioForte, une des holdings du Groupe Espirito Santo.
Pour ne citer qu’un exemple, les derniers prix de l’emprunt Portugal International Finance BV (4,50% - 16 juin 2025) s’inscrivaient en repli sous les 106% du nominal mardi en fin de journée. Le rendement est dès lors porté à 3,87%. La coupure minimale est de 50.000 euros face à une taille totale émise de 500 millions d’euros. Précisons que l'émetteur étant basé aux Pays-Bas, le double précompte n'est pas d'actualité dans le cas de cette obligation.