Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Paris n’aura donc pas réussi à égaler son record de neuf semaines de hausse consécutives de mi-mars à mi-mai 2009. Je parie cependant sur un 9 sur 10 d’ici le 31 mai, les opérateurs ayant pris l’habitude de retenter le sommet après l’inscription de chaque nouveau record depuis que le CAC GR a franchi les 10 700 points le 28 mai 2007.
C’était il y a 11 ans, jour pour jour.
▶ Sell in May and go away : toujours pertinent ?
Si le CAC40 se mettait à corriger aujourd’hui, nous pourrions parier d’une coïncidence troublante, mais certainement pas d’une loi boursière immanente.
Néanmoins, en se limitant aux trente dernières années, les actions françaises – et le CAC40 GR – ont matérialisé des sommets majeurs en mai 1987 (gros coup de semonce avant le krach d’octobre), en mai 1990 (2 260 points), en mai 1992 (2 280 points) et en mai 2001 (8 250 points, après un rebond sur 6 935 points en mars).
Il a ensuite fallu attendre mai 2007 (sommet de long terme) puis une réplique en mai 2008 (9 130 points, après un rebond sur 7 760 points deux mois auparavant), avant deux nouveaux pics en mai 2011 (8 200 points) et en mai 2013 (8 970 points).
Nous mentionnerons enfin le 10 juin 2014 (10 510 points), qui constitua le zénith annuel, alors que le CAC GR a culminé à 14 641 points le 22 mai dernier.
Au total, sur 28 ans, nous avons eu 9 renversement de tendance à la baisse à partir de sommets de mai. Les correction ont été de 25% à chaque fois, sauf en 1992 (-17%), soit une moyenne d’une année sur trois – si tant est que 2018 confirme la règle…
Cela pourrait sembler faible en comparaison des 8 sur 10 à la hausse dont nous gratifie le mois de décembre, mais il s’agit tout de même de la pire période pour renforcer son portefeuille dans une perspective de long terme.
▶ Wall Street résiste bien… pour le moment
Maintenant, tout dépend de Wall Street. Sa résistance était plutôt de bon augure vendredi, à la veille d’un week-end de trois jours (Memorial Day aux Etats-Unis et Spring Bank Holiday ce lundi à Londres).
Les indices américains ont renoué avec un momentum haussier la semaine dernière, le Dow Jones, le S&P et le Nasdaq ayant gagné respectivement 0,15%, 0,30% et 1,1 tandis que la volatilité s’est contractée durant sept séances consécutives (retombant de 15 vers 12,5) avant de rebondir vendredi dernier pour une raison purement technique de couverture à la veille d’un pont boursier de trois jours.
▶ La crise politique italienne pourrait pénaliser les marchés obligataires
L’entame de la semaine s’annonçait plutôt positive, mais le coup de théâtre de la démission de Giuseppe Conte en Italie (le président du Conseil investi 72h auparavant), dont les premiers choix économiques ont été immédiatement censurés par le président de la République, le très pro-européen Sergio Matarella, pourrait doucher l’enthousiasme des investisseurs et provoquer une onde de choc affectant aussi bien la monnaie unique que les marchés obligataires.
Et c’est là que nous avons l’impression de replonger dans la complète indifférence des marchés à tout facteur de stress. L’euro est resté de marbre, alors qu’il lui aurait pourtant été facile de repartir à la baisse, sa tendance constante au mois de mai, en direction de 1,16$)…
C’est à croire que le scénario boursier haussier préétabli fin mars va être exécuté inexorablement jusqu’à son terme. Nous ne savons pas si le générique de fin va surgir sur nos écrans le 29, le 30 ou le 31 mai. Je pressens simplement que le dénouement est très proche et qu’il ne va pas être du goût des épargnants…