Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Alors que la période des résultats atteint son pinacle (à cet égard, quand je vois l’euphorie autour du secteur automobile mardi, la flambée de 10% de l’action Nexity hier et a contrario la chute de près de 18% de Tarkett (PA:TKTT) ce même mercredi, je vous invite à bien relire mon dernier article), les réunions des banques centrales vont venir encore « pimenter » l’agenda.
En amont de la Fed les 30 et 31 juillet prochains, la BCE sera attendue au tournant tout à l’heure. Surtout étant donné la tonalité du discours on ne peut plus « dovish » de Mario Draghi depuis Sintra le mois dernier.
Pour l’heure, et au vu des PMI flash (première estimation) décevants dans l’eurozone, des propos résolument accommodants sont probables. Le PMI IHS Markit qui mesure l’activité manufacturière et a chuté à 46,4 points ce mois-ci (et même à 43,1 en Allemagne), soit un plus bas depuis fin 2014, et le PMI composite, ressorti en recul de 0,7 point en rythme séquentiel à 51,5 points, ont en tout cas déçu tous les deux les attentes.
La BCE et la FED, deux approches différentes
De quoi anticiper une rhétorique des plus complaisantes, voire des annonces au sujet de nouvelles mesures, sachant que des rumeurs évoquaient en fin de semaine dernière une relance de la planche à billets (c’est-à-dire du fameux « quantitative easing ») dès le mois de novembre.
Dans le même temps, outre-Atlantique, n’en déplaise à Donald Trump (qui plaide pour un affaiblissement du billet vert), un article du Wall Street Journal paru vendredi soir jugeait que le scénario d’une baisse des taux directeurs de la FED de seulement 25 points de base était le plus vraisemblable. Peut-être pour couper court aux spéculations, alors que chaque membre votant y est allé de sa tonalité pour faire pencher la balance vers les 25 ou les 50 points de repli en fin de mois).
Un peu plus tôt, John Williams, président de la FED de New York, avait fait sensation en se prononçant en faveur d’une baisse « préventive » de 50 points de base dès la fin du mois… avant que James Bullard, son acolyte de l’antenne de Saint-Louis, ne le « retoque » très vite quant à la nécessité d’une telle action.
A ce stade, on sent quand même bien qu’un recul de 50 points de base la semaine prochaine n’est plus anticipé par le marché.
En résumé, nous avons donc une BCE attendue plus accommodante et, à l’inverse, une FED potentiellement moins « dovish » qu’espéré par certains économistes, ce qui conduit logiquement à une pression baissière accrue sur l’Eurodollar. Etant donné le différentiel de taux d’intérêt entre l’Europe et les Etats-Unis (c’est-à-dire le spread entre le Bund, qui a atteint de nouveaux records hier, et le « TNote »), lequel s’est encore accentué hier après la déception suscitée par les PMI européens, il est en tout cas difficile de croire en une revalorisation durable de la paire.
Attention aux fausses évidences
En termes chiffrés, cette dernière s’est rapprochée de ses plus bas annuels, dans la zone des 1,11 $. Graphiquement, si la première accélération en rupture du seuil horizontal des 1,12 $ ne m’a pas surpris, je suis enclin à me dire que, pour les mêmes raisons ayant conduit à la baisse du début de semaine (cf. la netteté des supports horizontaux, visibles en rectangles bleu clair ci-dessous), le même type de pression vendeuse pourrait bien se reproduire, en rupture des 1,11 $ cette fois.
Ce scénario baissier ferait mes affaires et celles de mes abonnés à SMS Cash Alert. Reste qu’il y a souvent sur les marchés un gouffre entre le probable et ce qu’il se produit effectivement, surtout à court terme et encore plus durant l’été (où les volumes de transactions, moins étoffés à cette période de l’année, peuvent conduire à une volatilité piégeuse).
L’expérience me l’a prouvé : quand l’orientation attendue d’un actif devient trop « évidente », c’est souvent l’inverse qui se produit… Réponses à suivre dès cet après-midi avec la BCE et dans une semaine avec la FED…